Philippe Ducommun,
autopsie d’une élection peu ordinaire
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Philippe Ducommun à Lausanne |
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Député au Grand Conseil vaudois, Philippe Ducommun se lance dans
la course au Conseil national. Il nous parle du hasard et d’une
passion inattendue. Un bonheur sans fard que l’homme assume au
sein de la police judiciaire lausannoise et de son parti
politique.
Interview Dany Schaer
Elu député UDC au Grand Conseil en mars 2007. Etes-vous un
homme heureux ?
Absolument ! J’ai pris goût à la politique. Des années
enrichissantes durant lesquelles j’ai beaucoup appris au niveau
des relations humaines. J’avoue mon élection était une surprise.
Je sais aussi qu’une élection ne veut pas dire que l’on sera
réélu. C’est parfois un jeu de hasard dont on ne maîtrise pas
vraiment le dénouement. Mais la politique me passionne avec ses
imprévus, ses secrets, sa lumière ou ses ombres. J’ai appris à
aimer sa férocité.
Vous êtes inspecteur de police judiciaire. Votre engagement
politique est-il un avantage ?
A vrai dire les deux fonctions sont difficilement
compatibles. Je suis professionnellement soumis au droit de
réserve et en politique nous abordons le sujet de la sécurité
publique. Je suis souvent en porte-à-faux et je dois constamment
gérer cet équilibre. Une situation qui sera aussi délicate au
Conseil communal. La ville de Lausanne est mon employeur.
Lausanne est devenue une ville indomptable où l’insécurité,
la drogue, les mendiants inquiètent la population. Un sujet qui
fâche ?
Après vingt ans de politique de gauche où on laisse croire
que tout va bien dans le meilleur des mondes ce n’est pas très
étonnant. Il faut mettre un terme au laxisme et serrer la vis.
Mais il faut s’en donner les moyens. Et je ne vois pas d’autres
solutions qu’une nouvelle proportionnalité gauche droite aux
prochaines élections.
Le printemps arabe, le courage de la jeunesse et Internet
changent la face du monde ?
C’est extraordinaire de voir que les moyens informatiques
modernes ont permis de rassembler toute une jeunesse dans un
même but : la liberté. Il faut aider ces populations à créer une
démocratie et surtout les encourager à rester chez eux pour
construire leur avenir.
La RSR nous apprenait le 4 mars dernier que notre classement
en matière de démocratie est plutôt médiocre. L’opacité sur le
financement des partis en serait la cause. Un pas vers la
modernité comme le préconise un jeune UDC est-il souhaitable ?
A trop vouloir de transparence on devient invisible. Mieux vaut
être efficace que premier de classe. Notre fonctionnement va
très bien ainsi.
Notre pays est petit et de plus en plus de personnes viennent
s’établir chez nous. Faut-il s’inquiéter ?
La Suisse veut un développement attractif et durable mais
elle finit par être victime de son succès. Les familles moyenne
ne trouvent plus à se loger. Les loyers prennent l’ascenseur, le
prix du terrain et de la construction augmentent. Cadres
étrangers à hauts revenus ou clandestins contribuent à ce mal
être des familles suisses. A un moment donné il faudra dire stop
et revoir nos priorités.
Travailler à 100% et ne pas avoir un salaire suffisant pour
nourrir sa famille. Est-ce tolérable dans un pays comme le nôtre
?
Les personnes qui travaillent à 100% doivent obtenir un
salaire correct. Il faut un système qui encourage les
entreprises à verser des salaires correctes à leurs ouvriers
avec des contrôles pour éviter les abus. Un équilibre à trouver
entre un salaire minimum garanti et une façon d’encourager et
soulager les entrepreneurs qui offrent des emplois. Mais ce
n’est pas à l’Etat de verser une compensation salariale.
L’adhésion à l’Europe s’éloigne de nos rives. Un bien pour la
Suisse ?
Je suis absolument contre l’adhésion. On voit avec le recul
que l’on peut très bien vivre avec les bilatérales et des
accords avec nos voisins.
Qu’attendez-vous d’une élection au Conseil national ?
On espère toujours être élu mais c’est aussi une manière de
valoriser les candidatures urbaines. L’UDC s’installe en ville
parce que notre parti traite des problèmes d’insécurité et nous
devons être présents sur ce terrain.
Votre rêve pour la société de demain ?
Plus de sécurité et de bien-être en ville. Redonner à
Lausanne un visage humain, des places et des rues où il fait bon
vivre. Une ville propre où l’on ne craint pas de sortir dans
certains quartiers. Je pense aussi aux familles qui ont des
adolescents ou jeunes adultes et qui appréhendent les sorties du
samedi soir. Nous avons une responsabilité vis-à-vis des
citoyens et de l’avenir de la jeunesse. L’insécurité lausannoise
n’est pas une fatalité mais le reflet de l’impuissance des
autorités en place. Et si l’on ne fait rien cet échec sera aussi
le nôtre.
Mars 2011

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