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La Page d'à côté : le Loup
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Loup, pardonne-nous !

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La douleur ne se raconte pas avec des mots. Sur cet alpage, il a perdu la vie, abattu d’une balle tirée par un homme resté anonyme. Son corps encore chaud exposé à la haine de ceux qui n’ont rien compris. C’est à eux que s’adresse l’encre de l’incompréhension. De quoi l’ont-ils puni ? Seule, à l’abri de quelques rochers inaccessibles, la louve attend, fidèle compagne perdue dans les brumes du petit matin. L’homme a déjà perdu sa dernière chance de partage avec la nature sauvage.

Sous les étoiles, le chemin est étroit, les souliers glissent sur les cailloux. Les moutons sont là et le berger, enroulé dans sa pèlerine, est assis à côté de son troupeau. « Pour faire berger il faut savoir faire… il faut tout connaître. En bas ils ne savent pas, ils parlent, ils tirent, ils tuent». La montagne laisse venir le silence, elle se tait. Une brise respire dans les arbres, un chamois sort du bois, témoin immobile, la mort rôde.

Faire la leçon à ceux qui usent de violence. Garnir les discours de slogans sur la prévention, le développement durable et la sauvegarde de la planète alors que la cohabitation avec deux loups est impossible. L’autorité publique valaisanne ne s’accorde même pas le temps de la réflexion intelligente. Le loup est un animal protégé par la loi mais on le condamne. Son crime ? Se nourrir de bêtes mises à portée de crocs par l’ignorance et l’incompétence de quelques éleveurs. Placer des génisses en alpage sans protection est coupable et absurde. Combien sont-elles à perdre la vie accidentées dans les rochers faute de surveillance. Des morts que l’on tait. Il est plus facile de focaliser sur l’animal sauvage que sur sa propre responsabilité à tenir le bétail dans de bonnes conditions.

Ailleurs, les bergers cohabitent avec le loup depuis la nuit des temps. La présence de l’homme et de chiens de protection aux côtés des troupeaux permet de partager un territoire sans plonger dans le psychodrame. Combien d’Emilio, de Luigi et de Pedro, bergamasques pour la plupart, cohabitent avec le loup sur les alpages les plus escarpés. Luigi le Berger passe les étés de transhumance dans le massif du Gothard avec 1200 moutons. Il connait son affaire et respecte la vie de ses brebis, de ses chiens et du loup.

La mort ne résout rien ! Notre relation à la vie sauvage mérite un autre regard. Le loup emporte dans sa funeste destinée une part de notre insouciance. Le regard de l’enfant sur « le grand méchant loup » de nos contes et légendes.

Le loup, ce mal aimé, ce fautif de naissance, nous pardonnera-t-il ? Nous offrira-t-il une nouvelle chance de le croiser dans le grand cercle de la vie? Pourrons-nous le regarder en face en assumant notre devoir de protection ou fera-t-il partie du cortège des espèces végétales et animales qui disparaîtront à tout jamais ?

Dany Schaer

Mercredi 11 août 2010

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Dany Schaer - Journaliste-photographe - Tous droits réservés ©2010-2024

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