Une pensée pour Lisette Gavillet
Lisette n’était pas du genre à parler d’elle. Elle ne voulait ni
hommage, ni récit de vie, ni photo. Alors nous avons tendu la
plume à sa famille qui a choisi de parler de « La Solution ».
Une association qui a accompagné Lisette en fin de vie à la
maison, entourée des siens comme elle le souhaitait. Nous
publions ici un extrait du texte d’Anne-Sophie Gavillet. Nous
présentons à sa famille nos sincères condoléances.
Dany Schaer

Mourir auprès des siens
Le temps avait fini par s’arrêter au cours des dernières
semaines. La maladie occupait toutes nos pensées, rendant nos
tracasseries quotidiennes totalement futiles. La mort planait
sur notre famille. Inéluctable, redoutée, puis attendue comme
une délivrance. Assister à l’agonie d’un proche est une
véritable leçon de vie. Aucun moyen d’échapper à ses peurs, il
est temps d’apprivoiser ses angoisses. Dans de telles
circonstances, c’est une question de survie…
Ce soir, chacun est rentré chez soi avec le souvenir de cette
journée d’adieu. Il règne une atmosphère de soulagement. La mort
s’en est allée et la vie va pouvoir reprendre son cours. Avec
des liens renforcés à jamais entre ceux qui restent. Et un
sentiment de fierté : celle d’avoir pu réaliser son vœu le plus
cher qui était de mourir à la maison.
Il n’y avait pas de meilleur moment pour rédiger ces lignes.
Elles sont dédiées à un organisme sans lequel nous n’aurions
jamais pu relever ce défi: La Solution. Ce témoignage est
important car il concernera probablement chacun de nous, un jour
ou l’autre.
Retour en arrière sur l’histoire d’une fin de vie et d’un
accompagnement d’une rare qualité.
Octobre 2012. Agée de 87 ans, Lisette est atteinte d’un cancer
qui s’est généralisé au fil des ans. Volontaire et combattive
face à la maladie, elle mène une vie sereine et indépendante
avec son mari Jean-Jacques (91 ans), dans la maison qu’ils se
sont construite pour leur retraite. Une fracture spontanée du
fémur la conduit à l’hôpital, où elle passera un séjour de six
semaines. Cet événement marque le début d’un chemin de croix, au
cours duquel Lisette perdra peu à peu son indépendance. C’est
aussi le début des grandes questions pour nous ses enfants. Même
si nous sommes géographiquement très proches, Jean-Jacques reste
seul pendant ces six semaines. Au service d’aide à domicile
étatique auquel nous nous adressons, il nous est répondu, pour
ne citer qu’un exemple… « qu’il n’est pas dans l’attribution de
ces dames de faire la lessive, étant donné qu’elles n’ont pas le
temps d’attendre que la machine ait fini de tourner ». Eberlués
par cette réponse, nous comprenons que les services étatiques
ont décidément leurs limites : celles d’être étatisés avant
d’être humanisés.
Décembre 2012. C’est un peu par hasard que nous avons découvert
l’existence de La Solution : une version privée de
l’accompagnement et des soins à domicile, néanmoins reconnue par
le Département de la Santé publique. Le résultat d’un travail de
titan, comme on peut facilement l’imaginer. Retour de Lisette à
la maison : en collaboration avec La Solution, nous avons
organisé la présence d’une aide chaque matin et chaque soir. Ces
dames s’occupent du ménage, de la lessive, des commissions, de
la préparation des repas, etc. D’entente avec le médecin de
famille, une infirmière de La Solution passe régulièrement pour
effectuer les soins dont Lisette a besoin. Une période
particulièrement difficile pour elle, qui se voit envahie dans
son intimité. Jour après jour, elle se rebiffe. Grâce à leur
professionnalisme et à leur sens de l’empathie, les
collaboratrices de La Solution vont peu à peu réussir à
apprivoiser cette femme qui doit faire le deuil de son
indépendance passée.
Janvier 2013. Lisette s’est bien remise de sa fracture du fémur,
mais c’est la maladie qui prend maintenant le dessus. Au fil des
semaines, nous avons adapté la cadence de l’accompagnement à
domicile. Lisette s’y est habituée. Elle est reconnaissante de
tout ce qui s’organise autour d’elle. Elle commence même à
apprécier la présence discrète de ces dames, toujours les mêmes,
un point capital pour elle. Nous sommes enchantés de cette
merveilleuse collaboration, de l’esprit d’ouverture et de la
disponibilité de toute l’équipe de La Solution.
Février 2013. La maladie gagne du terrain. Il nous faut
désormais une présence jour et nuit pour Lisette. En moins de 24
heures, La Solution organise un service de veilleuses :
désormais il y aura aussi quelqu’un toutes les nuits. Les
infirmières viennent chaque jour, plusieurs fois si cela s’avère
nécessaire. A tour de rôle, plusieurs collaboratrices assurent
une présence durant la journée. Lisette s’est attachée à ces
dames et a tissé des liens. Avec elles, elle peut partager ses
angoisses par rapport à la maladie et à la mort. Des échanges
riches que sa pudeur veut épargner à son mari et à ses proches.
Elle sait qu’elle va mourir et sa seule volonté est de pouvoir
rester à la maison. Sa situation de santé est tellement sévère
que parfois nous doutons. Nous doutons parce que nous avons de
la peine à supporter ce que nous vivons de si près. Alors, aussi
souvent que nous le souhaitons, nous exprimons nos difficultés
et partageons nos angoisses avec les infirmières et les
collaboratrices de La Solution.
Mars 2013. Au fil des jours, Lisette ne peut pratiquement plus
se lever. La mort rôde déjà et toute l’équipe de La Solution
continue à lui prodiguer des soins avec un respect et une
tendresse extraordinaires. Pendant que Lisette s’en va peu à
peu, c’est aussi la main de Jean-Jacques que ces dames tiennent
jour après jour. Et la nôtre.
Au soir du 14 mars 2013, Lisette a enfin pu s’en aller. Comme
elle l’avait tant souhaité, elle est décédée à la maison, près
de son mari et de ses proches. Nous sommes bien sûr éprouvés par
ces longues semaines durant lesquelles nous avons assisté,
impuissants, à son déclin. Même s’il est dans l’ordre naturel
des choses de mourir à 87 ans, nous ne sommes pas habitués à
côtoyer la mort et il faut admettre que le miracle de cette fin
de vie a aussi été possible grâce à une grande implication de
notre famille.
Si nous avons décidé de publier ce témoignage, c’est parce que
nous étions à des lieues d’imaginer qu’un accompagnement de fin
de vie à domicile de cette intensité et de cette qualité pouvait
exister. Garder un grand malade à la maison plutôt que de
l’envoyer dans un mouroir d’hôpital, c’est possible aujourd’hui
grâce à des organismes privés comme La Solution. Lesquels, il
faut le répéter, sont pris en charge par les assurances maladies
pour les prestations remboursées par la LAMAL ou OPAS, au même
titre que les prestations d’autres organismes. Dans le cas d’une
grande malade comme Lisette, c’est donc presque la totalité des
frais qui ont été couverts par les assurances.
Demain, une nouvelle histoire va commencer. Celle de
Jean-Jacques qui doit repenser sa vie sans la femme avec
laquelle il a partagé 64 ans de mariage. La Solution sera
assurément de la partie. D’ailleurs, la veilleuse est encore là
ce soir…
Thierrens, le 19 mars 2013
A Stéphanie
Anne-Sophie Gavillet
La Solution Sàrl
En Chamard 41c
1442 Montagny-près-Yverdon
024/ 445 32 45
Service 24h/24 0800 002 004
|