Raser les pâquerettes ?
Qui osera prononcer le mot – complicité ? Parce que finalement
un système pénal qui est incapable de protéger sa population,
qui permet l’achat d’un couteau par un dangereux violeur,
criminel récidiviste et en cours de peine, qui encourage les
cours d’équitation pour le seul bien-être du détenu, qui laisse
sortir un violeur criminel avec une seule femme sans escorte
policière est non seulement coupable d’un laxisme aberrant et
d’une incompétence flagrante mais aussi de complicité.
Dans l’édito de Patrice Favre, rédacteur en chef, on lit que la
présence d’un policier pendant les sorties n’était pas dans le
style de la maison et La Pâquerette n’en voulait pas. Un
cercueil apportera peut-être une lueur de repentir sur un tel
aveuglement coupable.
Si le rêve de purger la société de tous les criminels est
illusoire il est du devoir de notre système judiciaire d’au
moins la protéger de ceux que l’on a condamnés et enfermés.
Après Lucie, Marie et maintenant Adeline la question est posée.
Combien faudra-t-il de jeunes femmes assassinées pour admettre
que notre système est un fiasco complet et que seuls ceux qui
défendent leurs emplois au sein de ces centres peuvent encore
s’accrocher à cette utopie. La prison n’est pas le Club Med ni
un terrain de jeu, ni un centre d’essai thérapeutique pour
psychologues. L’humanité dans les prisons dont parle l’édito
peut se faire à travers le travail, une formation en interne et
le dialogue mais pas à l’extérieur en mettant en danger la
société.
Et les victimes dans tout ça ? L’enfant d’Adeline fera-t-il
l’objet d’autant de sollicitude pour son avenir. Le système
s’inquiètera-t-il de savoir si pour son bien-être il fait du
tennis, du cheval ou de la piscine ? Les familles des victimes
auront-elles les réponses auxquelles elles ont droit.
L’expérience a déjà démontré que ce bel esprit humaniste réservé
aux criminels ne s’inquiète pas tant des victimes souvent
laissées seules avec leur impuissance à changer le cours des
choses.
A votre question « Raser les pâquerettes ? » Oui certainement
sous cette forme elle n’a pas lieu d’exister et par respect pour
Adeline qui soit dit en passant avait trouvé un autre emploi et
allait donner son congé. Il faut croire qu’elle se rendait
compte, en tant que jeune maman, du danger d’un tel système. La
prison ouverte est un rêve à la rose dont la page est
définitivement tournée.
Dany Schaer
Paru dans le courrier des lecteurs Echo Magazine no 39 du 26
septembre 2013 en réaction à l’édito de l’Echo Magazine no 38 du
19 septembre « Il faut raser les Pâquerettes. L’assassinat
d’une psychothérapeute à Genève, lors d’une sortie avec un
détenu ».
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