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discours-christoph-blocher.pdf (CLIQUER ICI)Les méthodes de
l'élite politique
pour ruiner la Suisse
Discours de l'Albisgüetli du 15 janvier 2010, tenu lors de la 22e
assemblée de l'Albisgüetli de l'UDC du canton de Zurich au Schützenhaus
Albisgüetli à Zürich
15 janvier 2010
par Christoph Blocher, anc. conseiller fédéral
Les versions orales et écrites du discours font foi.
L'orateur se réserve le droit de s'écarter fortement du manuscrit.
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Table des matières
I. 2009: la Suisse en vitrine
................................................................ 3
II. Qu'est-ce qui fait la Suisse?
........................................................... 6
III. Citoyens réduits au silence
............................................................ 6
IV. Comment on tente d'endoctriner la population
............................ 7
V. Comment on veut éliminer les citoyens
...................................... 11
VI. Comment on veut détruire la nation suisse
................................ 14
VII. Pour conclure: voter pour la Suisse, c'est voter pour l'UDC .... 16 2
sur 17
Monsieur le Président du parti,
Monsieur le Conseiller fédéral,
Madame la Conseillère d'Etat, Messieurs les Conseillers d'Etat,
Mesdames et Messieurs les Conseillers nationaux,
Mesdames et Messieurs les Députés au Grand Conseil,
Monsieur l'ancien Conseiller aux Etats,
Mesdames et Messieurs
les Présidents de commune, les Conseillers communaux,
les Juges fédéraux, les Juges cantonaux, les Juges de district,
Messieurs des Commandants de corps et Divisionnaires,
Chers Membres, Amis et Hôtes de l'UDC Zurich,
Mesdames et Messieurs,
I.
2009: la Suisse en vitrine
Si je ferme brièvement les yeux en ce changement de millésime pour faire
passer en revue l'année 2009, je ne vois pas des images réjouissantes pour
la politique suisse. La Suisse officielle ne s'est certainement pas
présentée sous un bon jour en 2009, ni à l'intérieur, ni face à
l'étranger. Parler de désastre pour qualifier les prestations de notre
dite élite politique est encore un mot trop gentil. Et tout cela s'est
produit devant les yeux de tous. La Suisse était quasiment en vitrine.
Cela a commencé avec les demandes d'entraide judiciaire des Etats-Unis
concernant des clients de l'UBS. Pendant neuf mois ces demandes sont
restées en plan à Berne. Le Conseil fédéral aurait dû exiger beaucoup plus
tôt une décision du tribunal pour savoir ci ces dossiers portaient
effectivement sur une escroquerie fiscale et si la remise des informations
étaient donc justifiée. Perdant patience, l'administration américaine a
recouru à la menace d'un ultimatum en exigeant la transmission des
informations jusqu'au 18 février 2009 à minuit. Le Conseil fédéral s'est
réuni à la hâte à 21 heures pour décider de transmettre en toute
illégalité 300 dossiers de clients aux Etats-Unis. Une semaine plus tard,
le Tribunal administratif a décidé dans une ordonnance superprovisoire
d'interdire la remise de données transmises depuis longtemps. C'est un peu
comme si le 3 août on interdisait, à cause des incendies de forêts, les
fusées qui ont été tirées le 1er août.
Il est donc devenu évident qu'on ne peut plus se fier à la Suisse quant à
la protection de la sphère privée et le respect du secret préservant les
clients des banques. Ce fut un coup dur porté à une valeur centrale de la
Suisse: la sécurité du droit.
D'autres images me reviennent.
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Alors que notre ministre des finances avait annoncé que les pays étrangers
se casseraient les dents sur notre secret bancaire, il n'a fallu qu'une
seule séance au Conseil fédéral pour se tirer lui-même toutes ses dents.
J'entends encore le ministre des finances déclarer: "Le secret bancaire
n'est pas négociable." Il avait raison, car on n'a même pas négocié; on a
cédé sur tout sans aucune négociation.
Il va de soi que les Etats européens ont immédiatement profité de cette
incroyable faiblesse de la Suisse. Pour remplir les caisses de leurs Etats
qu'ils avaient préalablement pillées, les politiques tous azimuts,
allemands en tête, ont fait pression sur la Suisse. Monsieur Steinbrück a
décrit ses fonctionnaires comme une cavalerie qu'il allait engager contre
des Indiens apeurés, donc les Suisses. Et Monsieur Müntefering a regretté
publiquement le bon vieux temps où on aurait pu attaquer militairement un
pays comme la Suisse.
Et quelle était la réaction de notre président de la Confédération? Avec
un regard de chien battu sur le ministre allemand des finances – qui n'a
pas été réélu entre-temps – il a assuré devant les caméras qu'il avait
trouvé un ami en Steinbrück. Pour qualifier d'amis des gens pareils, il ne
faut pas avoir beaucoup de vrais amis dans la vie!
Lorsque des employés de l'OCDE, organisation dont la Suisse est membre
fondateur, ont menacé de porter la Suisse sur une liste grise ou noire, la
Berne fédérale s'est une fois de plus immédiatement inclinée. Elle a
annoncé un versement de dix milliards de dollars au Fonds monétaire
international sans aucune contrepartie et promis d'assouplir le secret
protégeant les clients des banques.
Lors du débat sur le projet fort controversé de la libre circulation des
personnes, quelques conseillers aux Etats ont eu la glorieuse idée de
ficeler un paquet peu ragoûtant. Ils ont réuni la prolongation de la libre
circulation des personnes avec les 15 anciens membres de l'UE et son
extension à la Bulgarie et la Roumanie en un seul projet. Ainsi, les
citoyens ne pouvaient donner qu'une seule réponse à deux questions
distinctes. Un procédé honteusement antidémocratique. Ces milieux ont
ensuite réussi à faire passer le projet en multipliant les contrevérités
et les prévisions manipulées. Les conséquences de la libre circulation –
par exemple, l'augmentation du chômage – ne se sont pas fait attendre.
Ces mêmes milieux, soit la gauche, les syndicats, les bienpensants de tous
bords et les associations soi-disant économiques ont aussi réussi en 2009
à faire passer une augmentation de la TVA en faveur de l'AI au lieu de
combattre enfin les abus dans l'assurance-invalidité. Oui, vous avez bien
entendu: les associations économiques ont soutenu cette augmentation des
impôts et payé la propagande nécessaire. La décadence ne s'arrête
malheureusement pas à la classe politique dans le sens étroit du terme.
Cet alourdissement de la charge fiscale affecte notre prospérité, notre
compétitivité, donc aussi l'emploi dans notre pays.
Le vertige me prend presque quand je me rappelle la Libye, son dictateur
Kadhafi et la prise en otage de deux Suisses par ce régime. Le
dilettantisme du département des affaires étrangères a encore été surpassé
par l'amateurisme naïf du président de la Confédération. Ce dernier a fait
un petit voyage non coordonné dans les sables 4 sur 17
libyens pour s'y faire humilier et rentrer chez lui avec des promesses
vides, mais les valises pleines des otages. Après avoir rencontré le guide
libyen de la révolution au palais de verre de l'ONU à New York, il a
déclaré avec une joie qui était touchante à voir: "Pour finir, il a pris
ma main et il m'a offert des dattes et du thé!" 1
Lamentables et pénibles aussi les réactions des représentants du
gouvernement, de divers élus politiques, de professeurs et de journalistes
après l'acceptation de l'initiative sur les minarets. Ils n'ont eu de
cesse d'expliquer la décision populaire, de s'en excuser auprès de
l'étranger et de conclure à la cantonade que cette initiative ne pourrait
de toute manière pas être appliquée. Les juges étrangers – ceux de
Strasbourg, notamment – viendraient bien mettre de l'ordre en Suisse,
donc, en clair, museler la démocratie directe. Et comme la classe
politique a fini par comprendre que l'initiative UDC sur le renvoi des
criminels étrangers avait aussi de bonnes chances devant le peuple, elle
met tout en oeuvre pour la déclarer non valable après-coup.
Le fait que la politique d'asile échappe au contrôle est notamment
confirmé par les crédits additionnels de plus de 100 millions de francs et
l'explosion du nombre de demandes d'asile.
En contrepartie, on tente de s'allier les bonnes grâces des Etats-Unis en
acceptant d'accueillir des détenus islamistes de Guantanamo. Et cela bien
que les récents attentats terroristes aient confirmé une fois de plus la
menace que représentent ces individus et l'énorme risque de récidive.
Dans le but d'échapper aux lancinants problèmes qui attendent une solution
à l'intérieur du pays – les transports aériens ou la stratégie de la
Poste, pour ne citer que ces deux exemples – le ministre des transports et
de l'énergie affrète un train spécial pour Copenhague où se déroule une
conférence sur le climat. Les émissions de CO2 provoquées par ce voyage
étaient beaucoup plus importantes que s'il avait utilisé des cars. Et
comme le retour en train était trop pénible pour Monsieur le Ministre, il
est rentré en avion. Bonjour les émissions de CO2. Il était aussi
prévisible d'avance que la conférence de Copenhague ne produirait rien
sinon de vains bavardages.
Vous le voyez, Mesdames et Messieurs, l'année 2009 était particulière. Qui
aurait osé imaginer que la classe politique, qui se prend pour l'élite du
pays, fasse aussi lamentablement honte à la Suisse devant sa propre
population et devant toutes les autres nations?
Le Conseil fédéral et son administration, ses conseillers, de nombreux
professeurs, le Club helvétique et tous les autres bienpensants hypocrites
ont baissé les masques et montré ouvertement que leur objectif était
d'affaiblir, de détruire et de ruiner les valeurs qui font notre pays
exceptionnel.
Nombre de citoyens n'ont compris que l'an passé le jeu répugnant et
décadent qui se joue à Berne. Il faut parfois longtemps, mais la vérité
finit toujours par éclater au grand jour.
On se frotte les yeux et on se demande pourquoi ces prétendues élites font
tout pour ruiner la Suisse.
1 „Er offerierte mir Datteln“ (Il m'a offert des dattes), dans: Neue
Zürcher Zeitung, 2.10.2009.
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II.
Qu'est-ce qui fait la Suisse?
Mesdames et Messieurs, les hommes courageux qui se sont engagés sans
compter en 1848 pour fonder, au prix de sacrifices énormes et contre
l'opposition massive d'adversaires suisses et étrangers, l'Etat fédéral
suisse, avaient deux objectifs, c'est-à-dire
1.
la sauvegarde de la souveraineté des citoyens face aux autorités de leur
propre Etat
et
2.
la sauvegarde de la souveraineté du pays par rapport aux puissances
étrangères.
Sans perdre de vue ce double objectif, les fondateurs de notre Etat
fédéral ont créé en 51 jours seulement la Constitution fédérale. Nous
constatons aujourd'hui que cette oeuvre a donné naissance à la nation
mondialement la plus stable, la plus pacifique et la plus libérale ainsi
qu'à une prospérité exceptionnelle. Il s'agissait de la Constitution la
plus démocratique qu'un Etat pouvait se donner. Un vrai miracle, quand on
y songe!
Mais, Mesdames et Messieurs, comment expliquer que ce système étatique
aussi performant que stable, que les libertés des citoyens et que la
souveraineté nationale sont aujourd'hui plus menacés que jamais durant les
160 ans écoulés?
Le plus grave est que cette menace ne vient pas principalement des
puissances étrangères, non, elle vient surtout de la faiblesse de nos
propres politiques. De politiques qui ne pensent qu'à eux, qu'accaparer
postes et prébendes, qu'à leur pouvoir, à leur réputation et à leurs
intérêts propres. Et qui en oublient leur mandat premier, à savoir le
devoir de s'engager toujours et partout pour les intérêts de la Suisse.
C'est ainsi que la Suisse finira par sombrer – à la grande joie de
nombreux gouvernements étrangers, mais au désespoir des peuples étrangers
épris de liberté.
III.
Citoyens réduits au silence
Mesdames et Messieurs, les créateurs de notre Etat fédéral savaient très
bien quels devaient être les principaux piliers de notre Etat. D'abord, la
souveraineté vers l'intérieur et vers l'extérieur, ce qui implique que les
citoyens soient placés au coeur du système. Les citoyens, donc vous et
moi, et non pas les gouvernants et les fonctionnaires! La Constitution est
censée donner protection et dignité aux citoyens, et non pas en premier
lieu aux autorités. Les libertés de l'individu sont donc au centre de la
Constitution, soit la liberté d'opinion, la liberté de la presse, la
liberté de pensée, la liberté du commerce et de l'industrie, la liberté de
s'établir, la liberté de disposer de sa propriété privée et la liberté de
conscience et de croyance (et non pas la "liberté religieuse", notion qui
n'existe pas dans la Constitution fédérale!).
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Tous ces droits sont en premier lieu donnés aux citoyens face à l'autorité
de l'Etat. Voilà pourquoi il faut protéger la liberté des citoyens face
aux actions de l'Etat – aussi et même surtout quand des juges sont à
l'origine de ces interventions.
C'est dans le but de garantir ces libertés citoyennes que l'on a introduit
en 1848 le droit général de voter et d'élire. Les autorités et les Etats
étrangers voulaient en effet nous refuser ces droits. En Suisse, ces
droits ont même été élargis en 1874 par le droit de participation du
peuple dans des questions politiques concrètes, donc par le droit
d'initiative et le droit de référendum. La souveraineté du peuple face à
ses propres autorités est ainsi devenue un pilier porteur de notre Etat.
Mesdames et Messieurs, aujourd'hui nous devons constater avec effroi que
nos autorités sont les premières à mépriser ce pilier de notre Etat. Et
quand je dis autorités, je ne pense pas seulement aux conseillers
fédéraux, aux parlementaires et aux juges, mais à tout le contexte qui
constitue la puissance de l'appareil étatique. Il s'agit avant tout des
toutes-puissantes administrations, des nombreux professeurs, intellectuels
et innombrables experts pour tout et n'importe quoi. Toutes ces personnes
vivent finalement de l'Etat et de son activisme, mais elles sont payées
par les citoyens dont ils cherchent à rogner les droits. Je songe aussi à
tous ces formidables bienpensants qui touchent de généreuses indemnités de
l'Etat pour mettre en évidence leur bienpensance. Rappelez-vous également
ces innombrables actes administratifs, jugements de tribunaux, articles de
lois, expertises, conférences académiques, etc. dont les auteurs sont
aussi massivement soutenus par le mainstream médiatique. Tous ces
individus scient discrètement les piliers de notre système étatique qui a
pourtant fait la preuve de son efficacité. Leur but final est tout
simplement de supprimer la démocratie.
Ils veulent plus d'Etat et moins de citoyens responsables; ils veulent
moins de liberté pour les citoyens et plus de pouvoir pour l'Etat. Donc
plus de socialisme.
Mesdames et Messieurs: ces milieux ne s'engagent plus pour la Suisse et
ses valeurs. En 1848 déjà, la démocratie a été qualifiée de "pouvoir de la
racaille" par les adversaires de la Constitution fédérale. On les
comprend: la démocratie réduit le pouvoir des régnants. Aujourd'hui, on
n'ose plus l'exprimer ouvertement, mais on se réfugie derrière
l'internationalisme en lui attribuant toutes les qualités. Voilà pourquoi
ces milieux ressentent un besoin irrépressible d'entrer dans l'Union
européenne. Car les droits des citoyens y sont restreints au point qu'on
ne saurait plus parler de démocratie directe.
La noble et urgente tâche de l'UDC est précisément de dénoncer ces
tendances. L'UDC peut agir ainsi, car elle s'est depuis toujours engagée
sans compromis pour les droits des citoyens et la démocratie directe. Elle
sait que ces principes font la Suisse. Malheureusement, l'UDC est encore
le seul parti à les défendre.
IV.
Les tentatives d'endoctriner la population
L'UDC doit savoir et prévoir ce que ces politiques planifient. Elle doit
en dénoncer les projets. Voilà pourquoi, Mesdames et Messieurs, il ne
suffit pas d'écouter ce que
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disent nos adversaires politiques. Car ils ne disent de toute manière pas
ce qu'ils pensent. Ils planifient tout en secret.
Nous devons donc comprendre ce qu'ils pensent. Leurs motivations comptent
beaucoup plus que leurs paroles.
On se rend alors très vite compte d'un point essentiel: celui qui veut
pousser la Suisse dans l'UE doit commencer par détruire la Suisse, soit en
particulier sa démocratie directe et sa souveraineté nationale avec tous
ses instruments comme la neutralité permanente et armée.
Cependant, Mesdames et Messieurs, personne ne dira ouvertement "Il ne faut
pas qu'on s'en aperçoive!". On agira toujours derrière le dos des gens. La
première chose à faire, c'est d'endoctriner la population pour la rendre
malléable. Pas trop vite, pas trop brutalement, mais de manière bien dosée
et régulière. Et à tous les niveaux: politique, institutionnel, économique
et social. Il va de soi qu'on ne dira jamais qu'on endoctrine le peuple.
Dans les salons, il n'est question que de "préparer le peuple" afin qu'il
soit "assez "mûr" pour décider. Cela sonne beaucoup mieux.
L'ancien président du parti radical Franz Steinegger a été interrogé de la
manière suivante en 1998 par un journal: "Vous en restez à la tactique du
salami: rondelle après rondelle, pas après pas, pour entrer finalement
dans l'UE." Réponse: "Oui bien sûr. Vous pouvez appeler cela la tactique
du salami, mais c'est en tout cas la seule politique qui promet du
succès." 2.
Si les choses se passent trop vite, les citoyens commencent à se méfier de
l'UE. Il est donc plus utile de servir le menu UE bouchée par bouchée,
comme si on nourrissait un petit enfant. Et si l'enfant – donc le citoyen
suisse – se rebiffe, on peut commencer à lui faire peur, à le menacer, à
le ramollir en peignant le diable sur la muraille.
Le diable sur la muraille a de nombreux visages. Quant le gouvernement
échoue, on dira que c'est parce que la Suisse n'est pas en réseau, parce
qu'elle est isolée, qu'elle est une île – en taisant bien sûr le fait que
des centaines de milliers de citoyens du paradis UE ont afflué dans ce
pays prétendument isolé.
Il est tout de même bizarre que tous ces gens trouvent ce pays qui est
pourtant tellement isolé. Même des gens de très loin, d'Afrique par
exemple. Et pourquoi tant de gens viennent-ils donc sur cette île
solitaire? Toutes ces personnes en quête de travail, tous ces gens aisés
qui veulent s'établir chez nous à l'abri d'Etats accapareurs et
séquestrant leurs économies, tous ces réfugiés menacés dans leur vie et
leur intégrité physique, mais aussi tous ces faux requérants d'asile, ces
tricheurs et criminels qui espèrent trouver ici une justice clémente? Il
semble que cette île isolée et solitaire soit plutôt une île du bonheur!
Mais notre propre gouvernement voit les choses autrement. Lorsque les
représentants du Conseil fédéral ont agi en dilettantes après la prise
d'otages par l'Etat libyen, le conseiller fédéral Pascal Couchepin n'a eu
que ces mots: "Nous
2 "Ein Wahlkampf wie im Ausland ist hier undenkbar, alle Parteien benehmen
sich amateurhaft" (Une campagne électorale comme à l'étranger est
impensable ici; tous les partis se comportent en amateurs), dans:
SonntagsZeitung, 25.10.1998.
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sommes seuls dans la crise. Les choses seraient différentes si nous étions
dans l'UE".3
A-t-il oublié que l'UE a dû négocier huit ans avec la Libye dans l'affaire
des infirmières bulgares et qu'elle a finalement payé une rançon d'un
demi-milliard d'euros? Ou que des otages allemands sont toujours retenus
au Yémen et au Tchad ainsi que des otages français en Colombie?
Et personne ne dit bien sûr que cette même Libye assume aujourd'hui comme
si rien n'était la présidence de l'assemblée générale de l'ONU, donc de
cette organisation qui, prétendument, garantit le respect du droit
international et interdit la prise d'otages. Il semble même que Joseph
Deiss veuille emboîter le pas à Kadhafi pour présider les amis des droits
de l'homme.
Quand l'OCDE, l'UE ou les Etats-Unis font pression sur le secret
protégeant les clients des banques suisses dans l'unique but remplir les
caisses vides des Etats, la Berne fédérale se lamente: "Si seulement nous
étions dans l'UE, alors nous n'aurions pas de tels problèmes." Comme si
chaque Etat ne défendait pas exclusivement et âprement les intérêts de sa
propre place financière! A-t-on donc oublié les attaques menées contre
l'Autriche et le Luxembourg, tous deux membres de l'UE? Et pendant ce
temps les attaques contre le Liechtenstein, membre de l'EEE, se
poursuivent joyeusement.
Face à tous les problèmes, qu'il s'agisse de la crise financière et
économique, des attaques contre la souveraineté fiscale et le secret
bancaire, de la prise d'otages en Libye, le Conseil fédéral ne sait
formuler que le remède des faibles et des incompétents: "Nous devons
adhérer à l'Union européenne." Et le conseiller fédéral Moritz Leuenberger
de pronostiquer lors du congrès socialiste à Schwyz: "Nous adhérerons à
l'UE, pas demain, mais après-demain." 4
La conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey se lamente dans les journaux
allemands surtout et elle y dit le contraire de ses déclarations
apaisantes en Suisse. Ainsi a-t-elle pleurniché dans une interview au
quotidien "Die Zeit": "Nous sommes sous pression (…) et je doute que la
Suisse puisse encore défendre ses intérêts auprès de l'UE sans en être
membre." 5 Et d'ajouter pour faire bonne mesure dans un entretien accordé
au quotidien "Süddeutsche Zeitung": "La Suisse n'est pas présente.
Pouvons-nous nous offrir ce luxe? Mon devoir est d'y réfléchir." 6
Madame Calmy-Rey, croyez-vous donc que nous autres gens de l'UDC nous ne
lisons pas les journaux allemands et la presse étrangère en général? Nous
comprenons même le haut-allemand… Les contradictions entre vos
déclarations en Suisse et celles que vous faites à l'étranger sont faciles
à identifier.
Oui, Madame Calmy-Rey, nous trouvons aussi que vous devriez y réfléchir.
En fait, vous auriez dû le faire depuis longtemps. L'UDC y réfléchit
depuis 30 ans. Nous avons trente ans d'avance en matière de réflexion et
il me semble que cet écart ne cesse de se creuser!
3 Couchepin: "Wir sind allein" (Nous sommes seuls.", dans: St. Galler
Tagblatt, 1.9.2009.
4 Leuenberger demande l'adhésion à l'UE – et se fait applaudir, dans: sda/ctm,
Newsnetz, 17.10.2009.
5 "Wir sind unter Druck" (Nous sommes sous pression), dans: Die Zeit,
3.12.2009.
6 "Sind wir noch autonom genug? Das ist die zentrale Frage" (Sommes-nous
encore suffisamment autonomes? Voilà la question), dans: Süddeutsche
Zeitung, 26.10.2009. 9 sur 17
Pour le conseiller fédéral Pascal Couchepin, la situation est claire:
"Nous sommes déjà membre de l'UE. Nous reprenons chaque année davantage de
lois UE." Vous le voyez, Couchepin a atteint son objectif même sans
réfléchir alors que sa compagne de lutte Calmy-Rey n'a même pas encore
commencé à réfléchir.
Les appels en faveur de l'adhésion de la Suisse à l'UE se font de plus en
plus bruyants. Les chroniqueurs, commentateurs et éditorialistes ont eux
aussi remis le même disque qui commence à se rayer sérieusement. "Nous ne
devons pas abuser de la patience de l'UE", affirme par exemple le
quotidien "Landbote" de Winterthour7. Comme si la Suisse était une élève
récalcitrante qu'il faut envoyer dans la maison d'éducation de Bruxelles.
Et, bien entendu, les fonctionnaires ne manquent pas à l'appel quand il
s'agit d'endoctriner les Suisses. Le professeur Walter Stoffel, président
de la Commission de la concurrence, une institution d'Etat, annonce tout
de go dans une conférence de presse que "la voie bilatérale ne peut pas
continuer". "D'un point de vue économique"8 (sic!) il est indispensable de
rouvrir la discussion sur l'adhésion à l'UE." Il semble que désormais la
voie d'un professeur de droit soit celle de l'économie suisse! Et comment
le grand gardien suisse de la concurrence juge-t-il donc les aides
massives d'Etats UE à leur industrie, par exemple à Opel/General Motors?
Cette politique est-elle donc propice à la concurrence?
L'ancien secrétaire d'Etat Franz von Däniken, qui affirme "être depuis 20
ans un partisan convaincu de l'UE", va même jusqu'à qualifier la Suisse de
pays égoïste et ose affirmer que "nous serions plus souverains comme
membres de l'UE". (La question est de savoir ce qui il entend par ce
"nous"; il s'agit sans doute d'un pluriel de majesté désignant l'ancien
secrétaire d'Etat von Däniken.) Il admet aussi qu'il n'aurait pas approuvé
l'EEE en 1992 "sans une perspective d'adhésion à l'UE".9
Mais comme les endoctrineurs indigènes ne suffisent manifestement pas, on
demande du secours à l'ambassadeur de l'UE en Suisse, Michael Reiterer. Ce
fonctionnaire autrichien ne se gêne pas pour dire aux Suisses ce qu'ils
ont à faire. Manifestement, il n'est plus seulement ambassadeur UE, mais
aussi mandant du Conseil fédéral. Il dicte via la presse au Conseil
fédéral ce que celui-ci doit faire en politique européenne. A la suite de
ces interviews, qui étaient autant d'immixtions dans les affaires
intérieures de la Suisse, je m'attendais en fait à ce que le Département
fédéral des affaires étrangères convoque cet homme pour le rappeler à
l'ordre. Mais rien de tel. Il aurait pourtant fallu rappeler à ce Monsieur
d'Autriche, qui séjourne en Suisse comme ambassadeur de l'UE, que les
Confédérés ont déjà refusé d'écouter les Autrichiens dans le Pacte fédéral
de 1291, en 1315 à Morgarten, en 1386 à Sempach et en 1499 lors de la
guerre des Souabes. Et on aurait pu conclure en lui disant qu'en 2010 les
Confédérés ne s'intéressent pas davantage à ses "précieux" conseils.
Mais Michael Reiter peut continuer sans gêne aucune de donner des leçons
au Conseil fédéral, par exemple en lui expliquant qu'il ne doit pas faire
appel à la clause de sauvegarde concernant la libre circulation des
personnes ou encore en critiquant les propositions de la présidente de la
Confédération contre le pillage des institutions
7 Die Geduld der EU nicht strapazieren, in: Der Landbote, 26.3.2009.
8 Weko-Präsident will in die EU (Le président de la Comco veut adhérer à
l'UE), dans: Berner Zeitung, 11.11.2009.
9 Ganz undiplomatisch (Sans diplomatie), dans: Das Magazin, 10.10.2009.
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sociales car, a-t-il affirmé, ce système est un "élément immuable de
l'accord avec l'UE".
Pour faire bonne mesure, Monsieur l'Ambassadeur de l'UE a le culot
d'ajouter à ses voeux de bonne année la déclaration suivante: "Le Conseil
fédéral doit décider une fois pour toutes s'il veut que la question de
l'adhésion revienne sur la table." 10
V.
Les méthodes pour éliminer les citoyens
Mesdames et Messieurs, la situation est claire: ce qui dérange le plus nos
adversaires dans ce pays, c'est la démocratie directe. Elle est le
principal obstacle sur leur marche vers l'UE.
Mais comment éliminer la démocratie directe qui permet aux citoyens non
seulement d'élire, mais aussi de décider? C'est précisément la question
que se posent nos adversaires. La manière la plus expéditive serait sans
doute de recourir à la force des armes ou à la persécution. Mais ces
méthodes sont trop visibles. On en cherche donc des plus douces et des
plus discrètes. La meilleure manière d'agir est de faire intervenir les
tribunaux. Ainsi, on aura toujours le bel argument de l'Etat de droit. Et
comme nos lois nationales ne suffisent pas à supprimer la démocratie
directe, on recourt au droit étranger. On appelle cela droit international
public ou droits de l'homme. Des notions vagues que l'on peut arranger à
toutes les sauces. D'autant plus facilement que ce droit n'est pas édicté
par le législateur prévu par la Constitution, c'est-à-dire le citoyen.
Et si cela ne suffit toujours pas, on peut faire intervenir des juges
étrangers. Il y en a partout et en grand nombre.
Mesdames et Messieurs, la démocratie suisse est un cas particulier, un "Sonderfall"
au niveau mondial! Or, les cas particuliers n'ont plus la cote en
politique. La politique moderne est déterminée par la globalisation,
l'égalitarisme, l'harmonisation, les droits de l'homme au sens le plus
large du terme, le droit international. Voilà les notions à la mode
aujourd'hui.
La question reste de savoir comment faire comprendre cela au petit peuple?
Comment faire comprendre au citoyen que c'est pour son bien qu'on veut lui
enlever ses droits politiques?
Un Suisse vote plus souvent en une seule année qu'un Britannique durant
toute sa vie. Depuis la fondation de l'Etat fédéral, donc depuis 160 ans,
il y a eu en Suisse plus de votations et d'élections que dans le reste du
monde. Or, c'est une évidence pour chacun: en cas d'adhésion à l'UE, les
Suisses doivent renoncer à leur démocratie directe, car le droit UE prime
sur le droit national.
Les partisans de l'UE savent aussi que la liberté de pensée, de parole et
d'opinion est une condition essentielle au bon fonctionnement de notre
démocratie. Donc, leurs tentatives de sape portent aussi à ce niveau. Le
plus regrettable, c'est que les médias, qui devraient pourtant être
intéressés au premier chef à la liberté de pensée, de parole et d'opinion,
de même qu'à la liberté de la presse, sont les plus zélés à miner ces
droits.
10 "Menschen funktionieren nicht wie Lichtschalter" (Les humains ne
fonctionnent pas comme des contacteurs électriques), dans: SonntagsZeitung,
27.12.2009.
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On a ainsi vu la "NZZ am Sontag", journal dominical et porte-parole favori
de la classe politique, critiquer le fait que l'émission "Arena" de la
télévision alémanique a traité en 2009 trop de thèmes politiques UDC et
fait intervenir trop d'élus UDC. Ces Messieurs de la Falkenstrasse ont
fait leur compte d'épicier en portant des petits traits sous chaque nom
pour ensuite faire une addition. Et comme le compte n'était pas bon pour
ses auteurs, on y a ajouté des gens qui n'ont rien à voir avec l'UDC. Nous
constatons ainsi avec plaisir que la "NZZ am Sonntag" a attribué à l'UDC
le rédacteur en chef de l'hebdomadaire "Weltwoche", un homme extrêmement
capable en l'occurrence. Vérification faite, nous avons le regret de
constater que Monsieur Köppel n'est pas membre de l'UDC.
Bien entendu, la télévision d'Etat a immédiatement réagi à cet appel du
pied et Monsieur Haldimann a annoncé qu'il y aura en 2009 moins de sujets
UDC 11 . On débattra donc moins souvent de sujets d'intérêt brûlant pour
le public comme, par exemple, de la suppression des initiatives
populaires, des droits populaires, de l'adhésion à l'UE, de la politique
des étrangers, de l'islamisme en Suisse, de l'interdiction d'afficher ou
encore de la criminalité juvénile et étrangère. On évitera donc d'évoquer
les thèmes qui répondent aux principales préoccupations des Suisses. Par
exemple, la télévision et la "NZZ am Sonntag" préfèreront célébrer le
voyage en train de Moritz Leuenberger jusqu'à Copenhague en pleine
campagne sur l'initiative contre les minarets. Et on se passera bien
entendu de représentants de l'UDC, car ceux-ci risqueraient de faire
remarquer que ce train inutile a provoqué de fortes émissions de CO2 ou
encore que le chiffon de papier que le ministre a ramené (en avion) de la
conférence de Copenhague ne valait rien alors que 180 Etats du monde
avaient dépensé l'argent des contribuables pour ce prétentieux et inutile
tourisme de congrès. Mais, a-t-on immédiatement dit au Palais fédéral, ces
180 chefs d'Etat ont pris une décision. Le problème est qu'on ne sait pas
laquelle.
Mesdames et Messieurs, nous les remarquons à peine, ces insectes discrets
qui rongent notre liberté de parole et d'opinion. Les créateurs de la
Constitution fédérale de 1848 se retourneraient dans leur tombe s'ils
voyaient cela. Interventions dans la télévision d'Etat, mais aussi dans
les télévisions locales, distribution de concessions et subventions selon
le bon plaisir de Moritz Leuenberg, interdiction d'afficher sur les
espaces publics, interdictions publicitaires et j'en passe. Et que dire
des nombreuses interventions et propositions de politiques qui demandent
la création de commissions chargées de contrôler la publicité, de censurer
la propagande de votation, etc. Quand il s'agit de restreindre les droits
des citoyens, les politiques deviennent soudainement très créatifs.
Ces antidémocrates ont révélé leur vrai visage et leurs intentions
malpropres dans le cas de l'initiative sur les minarets. Les habituels
politiques, professeurs, journalistes et artistes ont de manière
parfaitement antidémocratique insulté le souverain pour avoir pris une
"fausse" décision; pire, ils ont invité au non-respect du résultat de ce
scrutin. Ils ont fait appel au droit étranger et aux juges étrangers pour
faire annuler le choix du peuple.
Leur but est simple: interdire les initiatives qui permettent au peuple de
décider autre chose que ce qu'ils veulent. Leur but est de museler les
citoyens ou, s'ils n'y parviennent pas, de faire intervenir les juges
étrangers de ladite Cour des
11 SonntagsZeitung, 3.1.2010.
12 sur 17
droits de l'homme pour faire comprendre aux Suisses qu'ils doivent
accepter les minarets.
Le Club helvétique, une association de bienpensants antidémocratiques, a
eu cependant un bien curieux sursaut démocratique: il a annoncé une
initiative populaire pour faire revenir le peuple sur l'interdiction des
minarets. On était agréablement surpris devant l'intention de ces Dames et
Messieurs de descendre dans la rue pour récolter péniblement des
signatures. Mais l'illusion fut de courte durée, car ces milieux ont vite
compris qu'une initiative exige du travail et de l'argent. Alors, pas
question de se salir les mains et de délier les cordons de la bourse. Trop
pénible de récolter 100 000 signatures. Et vite fait ces Messieurs-Dames
ont annoncé que finalement ils préféraient renoncer à ce pénible acte
démocratique. Dommage!
Je me réjouissais déjà de voir cet élégant Monsieur Roger de Weck se mêler
au petit peuple et récolter des signatures dans la rue, les mains
engourdies par un froid de canard. Imaginez! Il aurait dû se retrousser
les manches – un exercice difficile pour ces Messieurs qui doivent
commencer par défaire leurs boutons de manchettes.
Mesdames et Messieurs, après la votation populaire du 29 novembre, des
conseillers fédéraux sont partis en pèlerinage à l'étranger pour se
justifier et pour bien souligner qu'ils n'étaient pas du même avis que 58%
de leurs concitoyens. Sur quoi les politiques étrangers leur ont tapé sur
l'épaule pour les rassurer. Nos élus ont eu manifestement grand plaisir à
côtoyer une fois de plus les grands de ce monde et à s'excuser pour leur
propre peuple – dont ils sont pourtant censés défendre les intérêts.
Ainsi, la conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey a dit à un journal
allemand à propos de la votation sur les minarets: "Cette initiative a été
instrumentalisée par un parti politique qui assume des responsabilités
gouvernementales. Cela est inacceptable."12 Cette déclaration de la
ministre des affaires étrangères est doublement révélatrice: d'une part,
Madame Calmy-Rey ne tient pas le peuple suisse en très haute estime, sinon
elle ne dirait pas qu'il se laisse facilement instrumentaliser; nos
citoyens ne sont pas aussi stupides qu'elle croit; d'autre part, si Madame
Calmy-Rey juge insupportable qu'un parti politique, qui a représenté 58%
des citoyens dans cette votation, assume des responsabilités
gouvernementales, elle n'a que mépris pour la démocratie.
Le conseiller fédéral Moritz Leuenberger, qui ajoute volontiers sa voix
aux aboiements de la classe politique, s'avère également très mauvais
démocrate. Mais il a une excuse: il est socialiste. Le socialisme et la
démocratie n'ont jamais été compatibles. L'histoire nous l'apprend. Un
socialiste démocrate est aussi impossible qu'un dictateur libéral. Chez
les socialistes, le doute ne profite jamais au peuple, mais à
l'omniscience socialiste. Preuve en est cette déclaration de Moritz
Leuenberger juste après la votation: "Nous devrions à l'avenir être plus
conséquents et déclarer invalides de telles initiatives." 13
La conseillère fédérale Doris Leuthard a dit textuellement ceci après la
décision populaire concernant l'initiative sur les minarets: "Il existe
des limites pour tous,
12 "Wir sind unter Druck"(Nous sommes sous pression), dans: Die Zeit,
3.12.2009.
13 Wir sollten konsequenter sein und derartige Initiativen ungültig
erklären" (Nous devrions à l'avenir être plus conséquents et déclarer
invalides de telles initiatives), dans: Sonntag/MLZ, 6.12.2009.
13 sur 17
des limites fixées par la Constitution et le droit international et qui
valent pour un conseiller fédéral, pour un parlementaire et aussi pour le
Suisse moyen ("Otto Normalverbraucher" en allemand)." Ah bon, nous sommes
donc des Suisses moyens. C'est un détail, mais l'hiérarchie de Madame
Leuthard est révélatrice: le Conseil fédéral tout en haut, puis le
Parlement et enfin tout en bas le Suisse moyen – en fait le souverain. Or,
conformément à la Constitution suisse, l'hiérarchie est juste inverse: le
souverain est au sommet et les parlementaires sont les servants du peuple
– ou des Suisses moyens pour reprendre le langage de Madame Leuthard.
Quant aux conseillers fédéraux – qui ne sont pas élus par le peuple – ils
ne sont rien de plus que les servants des servants puisqu'ils sont élus
par le Parlement.
Mais désormais nous le savons: nous ne sommes plus des citoyens, mais des
Suisses moyens. On m'a rapporté que Madame Leuthard avait invité chez elle
l'hebdomadaire "Schweizer Illustrierte" pour montrer fièrement ses
quelques centaines de paires de chaussures. Madame Leuthard n'est
décidément pas une Suissesse moyenne, elle! 14
Pour mettre fin à cette suffisance méprisante des gouvernants à l'égard
des citoyens, il n'existe qu'un moyen: l'élection du Conseil fédéral par
le peuple! J'aimerais bien voir le membre du gouvernement national élu par
le peuple qualifier ses électeurs de Suisses moyens ou estimant devoir
s'excuser pour une décision prise par le peuple!
Il va de soi que des conseillers fédéraux peuvent être déçus par les
résultats de la démocratie directe. Mais les décisions du souverain
comptent, un point c'est tout. Bien entendu, un conseiller fédéral a aussi
le droit de résister si une décision populaire est incompatible avec sa
conscience. Cependant, s'il fait valoir ce droit de résistance, il doit en
assumer toutes les conséquences. Cela signifie qu'un conseiller fédéral,
qui ne peut accepter le résultat d'un vote populaire, doit démissionner –
immédiatement et sans faire valoir ses droits à la retraite. Il n'est pas
tolérable de mépriser la volonté des citoyens, mais de réclamer tout de
même les privilèges et les avantages de sa fonction – surtout pas les
avantages qui sont financés par les contribuables. Mais le fait que les
conseillers fédéraux ne sont pas prêts à supporter pareilles conséquences
montre bien que leurs bruyantes protestations ne sont pas sérieuses.
VI.
Les méthodes pour détruire la nation suisse
Mesdames et Messieurs, lorsque les citoyens ont été écartés, il reste
comme dernier obstacle sur la route vers Bruxelles la Constitution
fédérale qui contraint les élus politiques à défendre l'indépendance de la
Suisse par rapport à l'étranger. Donc ils cherchent aussi à éliminer cet
obstacle. Mais comment?
D'abord en s'attaquant à un instrument important de sauvegarde de
l'indépendance, c'est-à-dire la neutralité permanente et armée. Pourquoi?
On sait que l'Union européenne cherche à se donner une politique
extérieure, de sécurité et de défense commune. La neutralité permanente et
armée de la Suisse est de ce fait totalement incompatible avec une
adhésion à l'UE. Les
14 "Wie viele Pumps, Stiefel und Mocassins sie hat, weiss Doris Leuthard
nicht so genau." Die neue Helvetia (Doris Leuthard ne sait pas exactement
combien elle a de souliers à haut talon, de bottes et de mocassins, La
nouvelle Dame Helvétie), dans: Schweizer Illustrierte Nr. 5, 30.1.2006. 14
sur 17
partisans de l'UE doivent donc liquider la neutralité suisse. Ils le
savent bien, mais une fois de plus ils ne peuvent pas agir ouvertement,
car la neutralité permanente et armée bénéficie toujours d'un large
soutien auprès de la population. Ils doivent donc agir sournoisement.
Comment cela se passe-t-il?
Le Conseil fédéral, la diplomatie et l'administration s'engagent
verbalement pour la neutralité, mais font en réalité tout pour la miner.
Ils font confiance en cela à la patience des citoyens.
L'UDC doit donc se battre bec et ongles contre cette tricherie. Nous
devons dénoncer les stratagèmes de nos adversaires. Si Dieu pouvait encore
lancer au peuple comme dans l'ancien testament "Ecoutez, écoutez ma
parole", on ne peut pas en dire autant des politiques, car leur parole ne
vaut pas grand-chose.
L'UDC doit mettre en garde: "N'écoutez pas ce qu'ils disent, mais écoutez
ce qu'ils pensent et observez ce qu'ils font, car ils ne disent pas ce
qu'ils pensent et ils ne font pas ce qu'ils disent." Si je passe en revue
l'année 2009, je me dis même qu'ils ne savent souvent même pas ce qu'ils
font!
Mesdames et Messieurs, ce constat vaut surtout pour le verbiage et les
sournoiseries qui entourent la neutralité. Or, la neutralité suisse jouera
un rôle de plus en plus important à l'avenir: elle continue de nous
protéger contre les va-t-en-guerre, contre le terrorisme, contre les
alliances militaires prétendument solidaires, mais surtout irréfléchies et
servant uniquement à plaire à des pays étrangers, contre un gouvernement
cédant trop vite aux pressions.
La neutralité nous permet d'apporter une aide impartiale là où elle est
réellement nécessaire. La neutralité nous protège contre le besoin des
élites d'accroître leur pouvoir, de chercher la grandeur, la célébrité,
l'approbation des médias, les applaudissements – bref tout ce qui ne sera
jamais dans l'intérêt de la large population.
Certes, il n'est pas toujours simple d'être neutre. La neutralité exige
des politiques, des diplomates et des soldats fermes et résolus, des
personnes qui s'engagent sans restriction pour la cause publique et non
pas pour leurs intérêts particuliers. La neutralité signifie aussi –
surtout dans une situation grave – la solitude et l'isolement. Les hommes
et femmes d'Etat conscients de leur devoir et les dirigeants responsables
savent que cette solitude est inévitable. En revanche, les faibles, ceux
qui fuient leurs responsabilités, ne la supportent pas.
Dans une situation grave, la solitude est de toute manière la variante la
plus probable, plus probable certainement que l'aide sans limite de tiers.
Ne serait-il donc pas plus prudent de tenir compte d'emblée de
l'éventualité la plus probable? Celui qui s'appuie sur un plus fort que
lui, se livre au plus fort que lui. Le fort décide seul s'il veut ou s'il
ne veut pas aider le faible. Et il ne le voudra de toutes manières que
s'il y trouve un intérêt.
Le risque est en revanche beaucoup plus grand de voir le petit entraîné
contre sa volonté par son grand partenaire dans un conflit. Nous sommes
neutres parce que c'est l'attitude la plus intelligente et, comme l'a
montré l'histoire, parce que la neutralité est notre instrument le plus
performant en politique étrangère.
Néanmoins la politique extérieure actuelle de la Suisse consiste plus à
montrer du doigt qu'à donner l'exemple. Au lieu de se tenir tranquille, la
Suisse officielle donne des leçons et distribue des notes tous azimuts.
Elle ne cesse de se mêler de conflits étrangers. Cette attitude nous fait
des ennemis politiques et indispose nos
15 sur 17
partenaires commerciaux. La ministre des affaires étrangères, Micheline
Calmy-Rey, parle de "neutralité active"! Comme s'il ne s'agissait pas
d'une contradiction en soi!
La neutralité ne peut être autrement que passive. Il est absurde de réunir
les mots "neutralité" et "active", car ils s'excluent mutuellement. C'est
comme si on parlait d'un "socialiste économe".
Tout en poursuivant ses vains bavardages concernant la "neutralité
active", le Département fédéral des affaires étrangères place des ennemis
déclarés de la neutralité à des postes-clés de notre diplomatie. Il semble
que le Conseil fédéral ait récemment choisi le nouvel ambassadeur suisse
en Allemagne en la personne de Tim Guldimann15. Voici une déclaration de
ce Monsieur: "A mon avis, la neutralité ne joue déjà plus aucun rôle
aujourd'hui. La question est de savoir si nous admettons cela ou si – ce
serait également une bonne stratégie – nous ne parlions tout simplement
plus de neutralité." Et concernant l'UE ce même Monsieur dit ceci: "La
conclusion des accords bilatéraux devrait réunir les conditions à la
préparation concrète de l'adhésion à l'UE."16
De toute évidence, la Suisse envoie dans le monde des ambassadeurs qui
agissent contre la politique officielle de la Suisse et la politique
voulue par le peuple suisse. Mesdames et Messieurs, le peuple suisse doit
prendre garde s'il ne veut pas qu'on lui applique un jour le proverbe bien
connu: "Ce sont les veaux les plus stupides qui choisissent eux-mêmes leur
boucher!"
VII.
Pour conclure: voter pour la Suisse, c'est voter pour l'UDC
Mesdames et Messieurs, le fait est incontestable: nos adversaires veulent
aligner la Suisse sur l'UE. Et malheureusement tous les autres partis
gouvernementaux agissent ainsi. La Suisse ne sera alignée que lorsque
toutes ses particularités et ses valeurs porteuses auront été éliminées.
Bref, quand la Suisse aura été supprimée. Et, il faut le dire clairement:
c'est ce que veulent nos adversaires politiques!
-
Ils ne veulent plus des particularités de la Suisse que sont la fiabilité,
la volonté à l'effort, la responsabilité individuelle. Un élu politique
spécialisé dans le domaine de l'instruction publique m'a dit récemment
qu'il s'agissait là de vertus secondaires pour les écoliers.
-
Ils cherchent à enlever aux parents la responsabilité de la famille, de
l'éducation, de l'école. Voyez donc: HarmoS, garde extrafamiliale des
enfants, éducation extrafamiliale des enfants. Le modèle néosocialiste
imposé à l'école!
-
Ils veulent sacrifier à l'UE nos impôts modérés, le secret protégeant les
clients des banques, l'utilisation responsable des deniers publics.
-
Ils veulent porter le chômage au niveau de celui que connaît l'UE. Il faut
éviter que la Suisse soit différente, voire meilleure, sinon on ne peut
pas la faire entrer dans l'UE!
15 Tim Guldimann soll Schweizer Botschafter in Berlin werden (Tim
Guldimann doit devenir ambassadeur suisse à Berlin), dans: NZZ am Sonntag,
20.12.2009.
16 "Die Neutralität ist schon heute irrelevant geworden" (A mon avis, la
neutralité ne joue déjà plus aucun rôle aujourd'hui), dans: Der Bund,
6.9.1997. 16 sur 17
17 sur 17
-
Adapter, aligner, niveler, harmoniser, socialiser, voilà la devise des
destructeurs de la Suisse!
C'est dire aussi que l'UDC a une grande tâche: sauver la Suisse et ses
valeurs. Même si nous sommes seuls à défendre ce principe.
L'UDC est le seul parti qui s'engage réellement pour la Suisse.
Cela signifie aussi que les élections fédérales 2011 constitueront la plus
importante votation sur un thème politique concret: il s'agira de savoir
qui est pour et qui est contre la Suisse.
Celles et ceux qui sont pour la Suisse doivent aller aux urnes en 2011!
Celles et ceux qui sont pour la Suisse doivent voter UDC!
Voter UDC, c'est voter pour la Suisse!
Mettons-nous dès à présent au travail pour préparer l'année électorale
2011! |