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Reportage: Fridolin Portmann

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Boulens

Fridolin Portmann, un déraciné dans l’Armée Suisse
 

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Fridolin Portmann et Gaston le chat

 
Après trente-sept années de service au sein de l’Armée suisse, l’instructeur, adjudant d’état-major, part en retraite. L’uranais Fridolin Portmann, venu d’Altorf pour suivre sa formation militaire en Suisse romande n’en repartira jamais. Un changement de vie radical et un déracinement difficile à vivre.

En 1976, le jeune homme issu d’une famille de cinq enfants suit son école de recrue comme chauffeur de camion à Lausanne puis une école de sous-officier à l’école de transport suivi d’une école de sergent-major à Thoune et enfin l’école centrale pour instructeurs ZIS à Herisau où il termine un CFC d’instructeur fédéral en poche. Il pensait alors retourner en poste dans sa région à Andermatt. En fait il n'en fut rien : « On m’a dit : « vous poursuivrez votre carrière militaire en Suisse romande ». Un choc alors que je venais d’Altorf où nous n’avions même pas de feu rouge. Ça été un déchirement de quitter définitivement ma région. Je perdais mes racines, mes références. Plus le temps passait et plus la carrière s’installait. Moudon, Sion, Bière, Colombier, Chamblon, un parcourt difficile auquel j’ai dû m’habituer».

Un mariage avec une jeune fille de sa région, elle aussi uranaise et bientôt deux enfants, Myriam et Thomas, viennent compléter la famille. Une maison acquise dans le village de Boulens fixe définitivement l’officier instructeur dans le Gros-de-Vaud. L’homme a gardé l’accent de sa région et parfois un sourire mélancolique mais il a construit un nouveau réseau d’amis et la cornemuse lui a permis de voir la vie en musique. La course à pied, les activités sportives notamment à Bière sont autant d’atouts qu’il sait apprécier. Même si parfois le doute s’installe. La tentation de rejoindre la vie civile et l’industrie en plein boum dans les années fastes. Finalement il renonce et profite pleinement des opportunités qui s’offrent à lui : « En 1988, je suis parti suivre l’Ecole nationale pour l’armée de terre à Dinan en France puis l’Académie sanitaire à Vienne en 1993. En 2004 j’ai encore suivi un cours de sauvetage à Zofingen et en 2014 un séminaire au centre paraplégie à Nottwil Lucerne. Et me voilà à la retraite depuis le 31 décembre 2014. »

Une retraite à 58 ans laisse une large porte ouverte sur l’avenir. Retourner au pays de son enfance ? « Non c’est trop tard, aujourd’hui mes enfants ont fait leur vie ici et même si mon mariage est rompu, j’ai des amitiés dans la région, je fais du jardinage, je m’occupe de la maison et mes deux enfants vivent encore avec moi alors je fais la cuisine. Je constate pourtant que même dans son propre pays l’on peut être un « déraciné ». Ne pas être tout-à-fait chez soi dans son nouveau lieu de vie et ne plus l’être dans le coin de son enfance. Fridolin Portmann a vécu à cheval entre deux cultures, deux langues et pourtant s’est investi dans l’Armée, en gardant à l’esprit la défense de son pays dans sa globalité. Ses projets sont divers mais pour l’instant le jeune retraité profite de son temps libre en compagnie de « Gaston » son fidèle compagnon à quatre pattes, qui lui, ne se plie pas à la discipline militaire. Il entre et sort quand il veut, miaule si le repas n’est pas servi à l’heure et attache une grande importance aux câlins. Lorsqu’il le veut bien et avec vue sur l’aquarium. Le fait de voir que d’un œil ne l’empêche pas de garder toute son autonomie.

Dany Schaer

Paru en janvier 2015

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Dany Schaer - Journaliste-photographe

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