Après s’être passionné
pour l’informatique pendant 29 ans Bertrand Boesch rencontre son
ancien copain d’école qui tenait un magasin d’épices en gros. Ce
jour-là, il s’apprêtait à jeter 5 kilos de graines de moutarde.
Ni une ni deux notre chercheur dans l’âme s’en charge et se met
à farfouiller dans les livres pour trouver une recette de vraie
moutarde artisanale. 25 ans plus tard une moutarde produite
entièrement sur terre vaudoise voit le jour.
L’homme
passionné par la musique et la nature nous accueille dans son
antre. Un endroit au parfum d’épices où fioles et petits pots
invitent à la découverte. Un lieu où se concrétise un projet qui
bouscule les habitudes. La moutarde vaudoise a pris son temps
pour voir ses graines murir au soleil de la campagne de Moiry
avant qu’elles ne soient récoltées et conditionnées à la
Moutarderie et Vinaigrerie du Grand-Pré à Cottens. « La plante
se cultive exactement comme le colza et Christian Tissot,
agriculteur à Moiry, a relevé le défi. C’est ainsi que les
graines germent, poussent et sont récoltées sur ses terres. Un
challenge intéressant pour l’agriculteur selon le moutardier de
Cottens. « Le kilo de colza sera vendu à 82 centimes et sachant
qu’un hectare produit environ 4 tonnes, le prix sera à peu près
3'200 francs plus le paiement direct de 1’200 francs. La
moutarde elle, sera vendue 3 fr.50 le kilo donc plus besoin de
paiement direct». Tout sourire Bertrand Boesch attend avec
impatience la récolte d’ici quelques jours avec toujours une
petite incertitude quant à la quantité récoltée.
La
fabrication de la moutarde se fait en plusieurs étapes. Après la
récolte, les grains sont séchés, triés avant de macérer dans du
vin blanc, verjus ou jus de citron afin de rendre le produit
comestible qui sera ensuite aromatisé. «L’oxydation se fait au
bout de 10 jours environ et ce produit sera 100% vaudois »
assure l’unique Suisse Moutardier d’Honneur de la Confrérie de
la Moutarde de Dijon qui souhaite à terme créer une AOP et ainsi
valoriser sa moutarde vaudoise qui se déclinera en sept
variétés. Les premiers pots seront en vente dès cet automne.
Alors que dans la pièce annexe, vinaigres et Hydromel font leur
vie en cuve, l’artisan de Cottens verse un verre de jus de
pommes de la région et raconte avoir chanté avec la Tarentelle
d’Echallens et pour ses 50 ans il a offert à ses invités un
concert, chant et direction « Ich habe genug » une œuvre de J.S.
Bach, 82e cantate. L’œil malicieux il laisse planer
l’interprétation de ce choix. Nous optons pour «j’en ai assez
pour être heureux ».
Un peu d’histoire. La moutarde existe depuis des siècles.
Les romains et les Egyptiens mélangeaient les grains broyés aux
aliments pour épicer leurs mets ou favoriser la digestion. Les
Grecs utilisaient les grains à des fins thérapeutiques afin de
soigner des problèmes du métabolisme ou pour faire des
cataplasmes. Il semblerait que ce n’est qu’au IVe siècle que la
première recette de moutarde a été développée à base de sénevé,
de miel, d’huile ibérique et de vinaigre blanc. La moutarde
disparaîtra complètement au Moyen-Âge pour réapparaître au XIIIe
siècle. Au XVIIe siècle, Louis XIV décernera à la moutarde ses
propres armoiries : un entonnoir argenté sur un champ bleu. Dès
lors, la moutarde envahit l’Europe. |
Moutardes à l’Ancienne, Bertrand Boesch, ch du Sau
2, 1116 Cottens Tél. 079 310 87 53
www.moutardes.ch ou
webmaster moutardes.ch (pour une visite un coup de fil suffit et
vous découvrirez plus de 25 saveurs différentes avec des
recettes savoureuses).
Dany Schaer
Septembre 2016
|