Gilbert Barbey nous livre dans son ouvrage « Tièche un homme, un peintre, quelques
vies » le parcours d’un homme, d’un artiste qu’il connaissait au travers d’un cercle
d’amis qui gravitaient autour d’Emile Gardaz. Claude Tièche avait séduit le groupe
par son regard critique sur la société et son sens de l’humour. L’horloge du temps a
fait son œuvre et quelques cheveux gris plus tard sur l’idée de l’amie Marcelle,
l’écrivain Barbey se lance et se fait le porte-plume de ce voyage intime.
Reconvilier dans le Jura bernois, le décor est planté. Un petit bourg, ses usines,
la Birse, modeste rivière qui s’en va faire sa vie dans le Rhin à Bâle, les vrais
hivers, la maison d’enfance rue du Moulin. Par nature Tièche n’aime pas se mettre à
nu pourtant il a consenti à se retourner sur son passé et partager l’une ou l’autre
tranche de sa vie.
« Tièche m’a-t-il tout dit ? Tour à tour confesseur, psychiatre et confident, il m’a
fallu apprendre à l’écouter entre les mots, accepter ses hésitations, ses oublis,
ses incohérences : la traversée de trois quarts de siècle ne ressemble en rien à une
croisière d’agrément. ». Les pages que nous dévorons d’une seule traite est le
voyage d’un Tièche qui s’est quelque fois perdu à force de se chercher. Une aventure
entre deux hommes qui débouche sur une amitié tenace. Gilbert Barbey,
auditeur-écrivain a vécu ce face-face quasi hebdomadaire pendant plus d’un an. Il a
découvert un bonhomme chaleureux, sincère, sensible à l’extrême avec ses doutes et
ce souci constant de ne pas être compris. Le passage de la rencontre de Tièche sur
les hauts pâturages est l’un des plus beaux du livre. « Je regardais les chevaux qui
étaient assez loin, j’ai sifflé doucement et y’en a un qui est arrivé. Pataud,
tranquille et moi, appuyé sur un piquet de barrière. Je lui ai caressé un peu le
museau et lui, il a posé sa tête sur mon épaule. Alors dans son œil, j’ai vu tout
l’amour du monde ! ». Ces souvenirs mis en phrase comme le dit l’auteur sont riches
de pudeur. Ensemble ils sont allés au bout du voyage. Tièche l’homme et Tièche
l’artiste ne font-ils qu’un ? Sans doute se sont-ils retrouvés en chemin. « Pour
moi, la peinture est un moyen d’être plus en partage avec les gens, la nature… »
Malgré ou peut-être à cause de leurs différences Tièche et Barbey ont su regarder
au-delà de tout dogme rationnel ou social. Ils diront l’un et l’autre c’est
peut-être cela l’Amitié.
Tièche, Un homme, un peintre, quelques vies. Souvenirs mis en phrases par
Gilbert Barbey, janvier 2017. Commande :
www.claudetieche.ch ou EDA
Ecole d’art, 079 544 45 73
Dany Schaer
Mars 2017
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