Magali Aubry est tombée amoureuse de cet endroit et 20 ans après elle a fait de son
magasin un paradis de l’aiguille et du fil. Robe, pantalon ou blouse, elle sévit
partout et redonne lustre et fière allure à l’habit froissé par le temps ou favori
d’une garde-robe dont on ne peut se séparer. Vêtement fétiche, empreint de souvenirs
les plus secrets, il trouve ici la couturière qui saura lui donner une seconde vie.
Sur les étagères, brillent les soies sous une pile de cotonnades aux couleurs
chatoyantes. Les machines à coudre ronronnent, bruit discret qui accompagne le geste
précis des couturières au travail. Franchir la porte des « Doigts d’Or » c’est se
faufiler discrètement dans le temps et braver les accrocs ou les effets de mode.
Suspendus sur un cintre des classiques sont en attente d’une fantaisie nouvelle. De
la doudoune à l’habit de travail ou petite robe de princesse, le vêtement se fraye
un chemin dans cet atelier au charme cossu et lumineux.
Magali Aubry, un CFC français en habillement industriel en poche, commence sa
carrière en France avant de venir en Suisse à l’âge de vingt ans. Elle se marie et
suit son mari à Zurich où elle travaille dans la réparation de matériel de camping.
« C’était un travail pénible mais dans une ambiance formidable. Rapidement j’ai
trouvé un autre poste dans une boutique prestigieuse de Zurich pour les retouches de
vêtements haute couture. Toutes les finitions se faisaient à la main. Puis nous
sommes venus en Suisse romande avec ma famille et durant sept ans je suis restée à
la maison pour élever mes deux enfants ».
Le temps pour la couturière de mûrir son projet avant d’ouvrir un magasin à
Echallens, le 25 septembre 1997. Elle restera sept ans rue St-Denis avant de
s’installer rue de la Villaire 2. « J’ai découvert une clientèle qui retouche ses
habits, qui aime la belle matière. Ma fidèle machine à coudre en a vu des vêtements
à qui redonner une seconde jeunesse » raconte Magali Aubry en riant. « J’aime
prendre mon temps, le temps de l’écoute, le temps du choix du modèle, de la coupe et
du tissu. C’est un moment privilégié et de partage avec les clients. Le métier est
exigeant et demande de la précision et parfois de la psychologie. Aujourd’hui je
suis bien entourée avec Mallory Mercanton et Kateline Arrigo, toutes deux
couturières ».
Magali Aubry constate que la profession change notamment avec le stretch, une
diminution du polyester et une préférence aujourd’hui pour les matières nobles,
coton, lin ou soie. « On revient au naturel. La baisse des prix dans la confection
crée parfois un décalage entre une retouche pour un vêtement auquel on tient et qui
peut paraître onéreuse même si l’on essaye de rester en relation qualité – prix.
Avec le reste des coupons nous faisons des modèles que nous vendons. C’est aussi
notre carte de visite et le plaisir de créer pour nos couturières. Le bredzon
vaudois des lutteurs fait aussi partie de notre travail. Nous sommes une petite
équipe très polyvalente entre la couture, la petite création, la retouche et la
vente ».
Les 20 ans des Doigts d’Or marquent une étape importante pour Magali Aubry
passionnée par sa profession comme au premier jour. «Le rêve d’être indépendante je
l’ai réalisé et je me sens sereine. Je peux profiter de mes loisirs avec ma famille,
nos chevaux, notre chien et le jardin avec bonheur ».
Les doigts d’Or, Magali Aubry, ch. de la Villaire 2, 1040 Echallens. Tél. 021 881
67 00, www.lesdoigtsdor.ch
Dany Schaer
Août 2017
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