Plateau du Jorat
La crotte de la discorde
Qui l’eût cru? Les temps changent, la crotte n’est plus ce
qu’elle était. Le citadin, venu s’établir en campagne pour la
tranquillité, le bon air, la vie saine, installé à deux pas de
la forêt et des chemins invitant à la promenade, est contrarié.
Les crottes sous toutes ses formes ternissent cette image
idyllique.
L’excrément du cheval ou du chien, du chat, du porc ou de la
vache irrite et divise. Il provoque des problèmes de voisinage,
occupe les esprits jusqu’au Conseil communal de Thierrens. Une
revendication surprenante. Comment faire disparaître le crottin
de cheval laissé sur routes, chemins et trottoirs du village?
St-Cierges n’est pas à l’abri de ce nouveau fléau. Un habitant
saisit sa protection juridique pour faire déplacer un petit tas
de fumier déposé dans le jardin potager d’un voisin. Autrefois,
on disait : « le fumier est de l’or ». Aujourd’hui, cet engrais
naturel, que l’on trouve dans tous les jardins potager en
campagne, est devenu la peste pour certains. A Chapelle, une
dame au bord de la crise de nerfs, me dit avoir marché dans une
crotte de chien au bord du chemin près de l’église. Ce doit être
un yorkshire tant l’objet du délit est petit. Sans parler de
Minet qui dépose sa carte de visite sur une salade. Quel manque
de savoir-vivre !
Alors que l’on a mis des décennies pour offrir aux animaux une
vie digne, on parle aujourd’hui des porcs pollueurs qui vivent
en plein air. Quant aux vaches elles font des gaz. La planète
est en danger !
Heureusement, le ridicule ne tue pas mais tout de même. Les «
Anciens » doivent se retourner dans leur tombe. Dans ces
villages, où autrefois la population vivait au rythme de la
nature, avec ses odeurs, son coq qui chante le matin, les
cloches des vaches qui tintent joyeusement et ses jardins
potagers resplendissants, la vie était agréable. Certes, les
travaux de la terre étaient pénibles mais la solitude des
personnes âgées, les incivilités, la violence urbaine et la
pollution étaient à mille lieux du Plateau du Jorat.
Les haies de thuyas auraient-elles dressé des murs
d’incompréhension tels que le crottin devienne prétexte à
conflits. Au fait, l’autre jour j’ai même vu un quidam déposer
sa crotte en forêt. Qu’en pensent les écureuils ? Bel été tout
de même dans notre Suisse bien propre en ordre.
Dany Schaer
Paru dans le Journal de Moudon, juillet 2010
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A chacun sa solution
Une idée trouvée sur
www.terrenature.ch
Sur son chemin, notre jardinier a trouvé une pleine pelletée de
crottin. Il l’a ramassé et mis dans un tamis posé sur un seau.
Le crottin de cheval est un riche fertilisant et les
propriétaires de jardin se ruaient autrefois sur routes et
chemins
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