St-Cierges - Corrençon
Marcel Dind, la dernière traite à l’étable

Local de traite |

Dernière traite à l'étable - Marcel Dind |
Une page se tourne. L’étable traditionnelle a vécu, elle fait
place à la halle de stabulation libre. Marcel Dind a procédé à
la dernière traite de ses dix-neuf vaches laitières avant
qu’elles ne prennent la route pour rejoindre leur nouvelle
demeure située à Corrençon.
Marcel Dind a rendez-vous à l’étable avec son fils Gilbert pour
la traite. Ce matin pas comme les autres est aussi source de
vie, un petit veau vient de naître. A six heures il est déjà sur
ses pattes et réclame son lait alors que Darla, sa mère, se
repose. Bibi, le chat attend lui aussi son bol de lait tiède.
Marcel, matin et soir, depuis plus de soixante ans, regarde et
soigne ses vaches avec respect et une certaine tendresse. «Elles
sont toutes nées ici et j’ai bien un pincement au cœur de les
voir partir et penser à l’étable vide. Mais tout change et
l’avenir est aux halles de stabulation libre».
Pour Gilbert Dind, la vie sera plus facile. Ils seront trois
agriculteurs associés dans cette nouvelle aventure. « Jean-Paul
Pasche et Jean-Eugène Pasche sont mes partenaires. La halle est
toute neuve et les septante bêtes groupées pourront organiser
leur vie librement dans le cadre de la structure y compris
l’heure et la fréquence de leurs repas. Un local de traite
automatique, des points d’eau, une cour et même un rouleau
brosse pour se nettoyer le cuir sera à leur disposition».
Marcel Dind dans des gestes immuables poursuit la traite,
caresse les flancs, brosse minutieusement les animaux, taille
quelques poils de la queue devenus trop longs, contrôle pis et
distribue quelques paroles apaisantes. Il règne en ce lieu une
atmosphère rassurante et une symbiose parfaite entre l’homme et
l’animal. Après une pause petit déjeuner, le camion de la
fromagerie du Grand Pré de Moudon passe chercher le lait,
quantité 229,6 L à une température de 30,7°. Reste à tout mettre
en ordre. Gilbert ramasse les fumiers, son père lave récipients
et ustensiles. Les bêtes reçoivent eau et regain, le dessert,
m’explique Marcel dans un sourire. Marcel Musy, un voisin, me
glisse à l’oreille : «je vais bien les regretter, surtout l’été.
J’aimais les regarder boire à la fontaine et entendre les
cloches lorsqu’elles allaient au champ».
Il est temps de partir et Gilbert approche le véhicule de
transport. Sonia, Valentine, Belle, Sabine et Julie embarquent
les premières. A midi Blanche et Neige, deux sœurs, et toutes
les autres vaches sont dans leur nouvel environnement. Elles
sont septante à devoir s’habituer le soir venu à la première
traite automatique avant de repérer leur coin pour dormir.
Chacune a son box ouvert avec de la paille fraîche. Pistache, la
doyenne du troupeau, a quatorze ans : « pour elle c’est un rude
changement mais il semble qu’elle s’habitude gentiment.
J’accompagne celles qui ont le plus de peine à trouver leur
marque. Au début il faut beaucoup s’en occuper», explique
Jean-Paul Pasche qui repère les hésitantes.
Selon la nouvelle législation sur la protection des animaux
(entrée en vigueur le 1er septembre 2008 et mise en application
dans un délai de cinq ans, au plus tard en 2013) il s’agit, au
moyen de prescriptions claires, de pourvoir au bien-être des
animaux et de protéger leur dignité. L’avenir pour les
agriculteurs et pour les animaux ouvre un espace de liberté. Les
agriculteurs se mettent à plusieurs pour créer leur halle de
stabulation libre et de ce fait ouvre la porte au partenariat et
les vaches retrouvent un mode de vie plus indépendant au grand
air, dans les cours d’exercice et dans les aires de repos.
Dany Schaer
Paru dans l’Echo du Gros-de-Vaud et le Journal de Moudon, avril
2012

Local de traite |

Dernière traite à l'étable - Marcel Dind |

Marcel Dind brosse Sonia |

Et maintenant, où vais-je ? |

L'arrivée |

Nous y voilà |

Halle de stabulation libre |

Jean-Paul Pasche, Gilbert Dind
et Jean-Eugène Pasche |
|