La reine des reines, appartenant à l’éleveur Patrick Perroud,
reprend des forces dans son vert décor. Elle a remporté dimanche
10 mai sa seconde couronne nationale à Aproz. Une vache d’Hérens
qui a su jouer de ses cornes et de son talent pour dominer sa
rivale « Caquette » lors de la grande finale.
Lavée, brossée, sa cloche mise autour du cou, Frégate savoure sa
pause de remise en forme. Une visite n’est pas pour lui
déplaire, son statut de star lui vaut toutes les attentions.
«Elle adore être brossée » raconte Mathias le fils de Patrick
Perroud, qui est aussi très fier de la championne. Si quelques
marques sur sa face sont encore visibles rien ne l’empêche de
mâcher l’herbe tendre. Le no 1 peint sur son flanc a presque
disparu de sa robe noire ébène mais il reste gravé dans le cœur
de Patrick Perroud. « Chaque éleveur qui mène ses bêtes au
combat rêve de ce titre suprême. On ne peut pas aller plus haut
et l’obtenir deux années de suite c’est extraordinaire ».
L’année dernière, l’éleveur d’Oulens faisait l’acquisition de
Frégate juste avant la compétition. Le flair du connaisseur, la
chance ? «Cette année j’ai fait la même chose avec Pénélope
juste avant la compétition au Châble et elle est sortie reine du
Châble 2015». Peut-être que le licol offert par Mathias à son
papa pour son anniversaire est aussi le porte bonheur d’une
passion partagée.
Cet engouement pour la race d’Hérens chez l’éleveur d’Oulens
n’est pas venu par hasard. L’homme sourit et admet que le
tempérament fougueux de ces vaches lui plaît. Il ajoute avoir
été lutteur dans sa jeunesse. «Frégate est une vache calme, sûre
de sa force et de ses capacités. Elle est une bête intelligente
qui développe une véritable stratégie du combat et utilise à
merveille ses cornes ». Pour ce qui est de son menu avant
compétition il demeure top secret. « Chaque éleveur croit
détenir la recette miracle mais on n’en parle pas ». Certains se
demandent ce qui a bien pu pousser ce bon vaudois à titiller les
reines valaisannes. « Lorsque j’ai arrêté d’organiser les
combats de reines à Oulens en 2012, je suis allé voir du côté du
Valais et cette année j’ai participé avec d’autres vaches à tous
les combats organisés dans le canton à l’exception du
Haut-Valais. Les amitiés se construisent et le respect entre
éleveurs tient aussi à l’état d’esprit dans lequel on participe.
Mais il est vrai qu’on ne peut pas plaire à tout le monde et
parfois il y a des jalousies ».
Agée de 7ans et demi, Frégate est portante. Peut-être
donnera-t-elle naissance à une future petite reine ? Les
qualités de « l’athlète » permettent tous les espoirs. Dans tous
les cas le troupeau formé d’une vingtaine de belles à peau
sombre confirme que changer d’horizon n’empêche pas un retour
aux sources sur la plus haute marche. Patrick Perroud, homme de
caractère, est un éleveur-boucher qui porte un regard
différencié entre ses différentes activités. Il y a les bêtes
d’élevage, d’autres destinées à la boucherie, toutes races
confondues, mais assurément les « Reines » tiennent une place à
part. Il y a des regards qui ne trompent pas.
Frégate reine 2014 et 2015. La finale d’Aproz
désigne chaque année la reine nationale du combat. Frégate a
déjà remporté ce titre suprême en 2014. Malgré quelques
problèmes d’arthrose Patrick Perroud finit par l’inscrire cette
année tout en étant prêt par égard à son titre à la retirer de
la compétition en cas de refus de se battre. Même si le 1er
combat fut difficile la ténacité de l’animal la qualifie pour la
grande finale. Finalement la victoire sur Caquette place Frégate
parmi les toutes grandes reines à avoir remporté le titre deux
années de suite. Remportera-t-elle une troisième victoire en
2016 à l’image de Souris ou Manhattan ? C’est ainsi que les
vaches d’Hérens entrent dans la légende. |
Dany Schaer
Mai 2015
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