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Reportage: La maladie d’un proche qui nous touche de si près

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Ce « nodule » qui bouleverse nos vies

Dans le cycle paroles en marges, le Conseil de service communautaire (CSC) et la Fondation de l’Estrée proposaient le 23 mars dernier, une soirée débat sur le thème de «La maladie d’un proche qui nous touche de si près ». Une soirée qui donne la parole aux victimes du choc « diagnostic cancer ». Depuis l’annonce de la maladie quels chemins pour ces familles blessées.

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Pascal Desarzens au violoncelle et Virginie Falquet au piano ont interprété un passage du « quatuor pour la fin du temps » d’Olivier Messiaen. Une introduction musicale de circonstance qui fait appel à une œuvre difficile.

Le choc, un coup de tonnerre dans un ciel bleu ! Liliane Casiraghi, retraitée, auteur du livre « Diagnotic cancer…un autre regard sur la vie », exprime cet appel téléphonique de son médecin comme une condamnation à mort. « J’ai peur » sont ses premiers mots. « Agrippée à mes habitudes, mes gestes familiers, mes rituels, mon travail, mes amis, je veux être comme avant, croire que demain, tout sera rentré dans l’ordre, mais je ne domine plus rien. Le regard des autres a déjà changé. Je ne reconnais plus les miens ». Et puis cette phrase « Le vrai courage n’est pas de ne pas avoir peur, mais plutôt de ne pas se laisser dominer par la peur ». Le juge Falcone.

Anne-Leresche-Bezençon, maman d’un garçon touché par un cancer à l’âge de 5 ans, Jean-François Ramelet, pasteur de l’EERV, époux qui accompagne sa femme atteinte d’un cancer, Philippe Vuagniaux, agriculteur, qui lui aussi accompagne sa femme touchée par la maladie. Combien sont-ils dans la salle à avoir plongé un jour au fond du gouffre pour en ressortir plus fort. L’on peut être surpris d’entendre les paroles : reconnaissance, partage, écoute, solidarité. Est-il possible de voir partir une enfant de 7 ans le soir de Noël et être reconnaissant ? Pourtant, ils sont unanimes à confirmer que les vraies relations s’installent dès l’instant où la vie est en danger. Jean-François Ramelet se souvient : « La maladie nous oblige à laisser tomber une partie de notre carrosserie ». Apprendre à mourir à un enfant ou accompagner un proche vers la guérison est une façon d’apprendre à vivre autrement. Liliane Casiraghi se répète inlassablement chaque matin : «Aujourd’hui ça va demain on verra ! ».

Le Dr. Jean Bauer, médecin-chef adjoint du service pluridisciplinaire d’oncologie au CHUV, est confronté à cette déferlante de tragédies vécues au premier degré et exprimées librement et sans tabou. La question aujourd’hui n’est plus de savoir s’il faut dire la vérité au malade, mais bien comment il faut la dire. Là est toute la différence. Mais l’attente du patient par rapport au spécialiste reste ses compétences médicales avant tout. Le médecin est garant des traitements et de leurs effets. Le malade gère son quotidien et s’ils n’empruntent pas les mêmes méthodes ils visent le même but : la guérison.

Le but de la soirée n’est pas de dresser une liste exhaustive de ce qu’il faut faire ou ne pas faire mais de prendre en compte la maladie et d’explorer les voies susceptibles d’améliorer la vie malgré ce contexte pénible. Marie Jo Magnin rappelle que le Centre Médico Social propose une aide d’accompagnement aux familles qui s’épuisent lorsqu’un proche est touché par la maladie. Il faut oser demander l’aide extérieure. Parfois des petites choses toutes simples comme apporter un repas chaud est déjà un pas vers l’autre. Une citation de Christian Bobin illustre cet appel à l’écoute et à l’entraide : «Ce qui ne peut danser au bord des lèvres – s’en va hurler au fond de l’âme ».

www.solidarite-haute.broye.eerv.org
www.estree.ch

Dany Schaer

Paru dans le Journal de Moudon - Mars 2010

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Dany Schaer - Journaliste-photographe

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