Pascal Desarzens au violoncelle et Virginie Falquet au piano ont
interprété un passage du « quatuor pour la fin du temps »
d’Olivier Messiaen. Une introduction musicale de circonstance
qui fait appel à une œuvre difficile.
Le choc, un coup de tonnerre dans un ciel bleu ! Liliane
Casiraghi, retraitée, auteur du livre « Diagnotic cancer…un
autre regard sur la vie », exprime cet appel téléphonique de son
médecin comme une condamnation à mort. « J’ai peur » sont ses
premiers mots. « Agrippée à mes habitudes, mes gestes familiers,
mes rituels, mon travail, mes amis, je veux être comme avant,
croire que demain, tout sera rentré dans l’ordre, mais je ne
domine plus rien. Le regard des autres a déjà changé. Je ne
reconnais plus les miens ». Et puis cette phrase « Le vrai
courage n’est pas de ne pas avoir peur, mais plutôt de ne pas se
laisser dominer par la peur ». Le juge Falcone.
Anne-Leresche-Bezençon, maman d’un garçon touché par un cancer à
l’âge de 5 ans, Jean-François Ramelet, pasteur de l’EERV, époux
qui accompagne sa femme atteinte d’un cancer, Philippe Vuagniaux,
agriculteur, qui lui aussi accompagne sa femme touchée par la
maladie. Combien sont-ils dans la salle à avoir plongé un jour
au fond du gouffre pour en ressortir plus fort. L’on peut être
surpris d’entendre les paroles : reconnaissance, partage,
écoute, solidarité. Est-il possible de voir partir une enfant de
7 ans le soir de Noël et être reconnaissant ? Pourtant, ils sont
unanimes à confirmer que les vraies relations s’installent dès
l’instant où la vie est en danger. Jean-François Ramelet se
souvient : « La maladie nous oblige à laisser tomber une partie
de notre carrosserie ». Apprendre à mourir à un enfant ou
accompagner un proche vers la guérison est une façon d’apprendre
à vivre autrement. Liliane Casiraghi se répète inlassablement
chaque matin : «Aujourd’hui ça va demain on verra ! ».
Le Dr. Jean Bauer, médecin-chef adjoint du service
pluridisciplinaire d’oncologie au CHUV, est confronté à cette
déferlante de tragédies vécues au premier degré et exprimées
librement et sans tabou. La question aujourd’hui n’est plus de
savoir s’il faut dire la vérité au malade, mais bien comment il
faut la dire. Là est toute la différence. Mais l’attente du
patient par rapport au spécialiste reste ses compétences
médicales avant tout. Le médecin est garant des traitements et
de leurs effets. Le malade gère son quotidien et s’ils
n’empruntent pas les mêmes méthodes ils visent le même but : la
guérison.
Le but de la soirée n’est pas de dresser une liste exhaustive de
ce qu’il faut faire ou ne pas faire mais de prendre en compte la
maladie et d’explorer les voies susceptibles d’améliorer la vie
malgré ce contexte pénible. Marie Jo Magnin rappelle que le
Centre Médico Social propose une aide d’accompagnement aux
familles qui s’épuisent lorsqu’un proche est touché par la
maladie. Il faut oser demander l’aide extérieure. Parfois des
petites choses toutes simples comme apporter un repas chaud est
déjà un pas vers l’autre. Une citation de Christian Bobin
illustre cet appel à l’écoute et à l’entraide : «Ce qui ne peut
danser au bord des lèvres – s’en va hurler au fond de l’âme ».
www.solidarite-haute.broye.eerv.org
www.estree.ch
Dany Schaer
Paru dans le Journal de Moudon - Mars 2010
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