Echallens
Isaac Pante, du sang sous la plume

Le jeune écrivain Isaac Pante nous surprend et vous n’avez
encore rien vu. Le titre de son polar « Je connais tes œuvres »
laisse vagabonder l’imaginaire à l’entrée d’un bisse valaisan.
Un policier bourru, un village de montagne et l’ombre d’un
écrivain de renon, la trame du meurtre presque parfait. Mais
c’est sans compter sur la persévérance d’un jeune policier
tenace.
A l’étage, coup de sonnette et le chien, un carlin nommé Fergus,
annonce qu’il y a bien quelqu’un. Ce chien fait partie d’un
style de vie et il s’amuse avec son maître écrivain au rythme
des textes. Un polar, il fait le mort si l’on s’amuse à lui
tirer de dessus. Nos pas nous dirigent vers une vieille cabane
de l’autre côté du chemin en limite d’un jardin aux arbres
séculaires. Par une journée de canicule la fraîcheur du lieu est
idéale pour l’entretien.
Avec Je connais tes oeuvres, paru aux Editions G d’Encre, Isaac
Pante nous offre une machination diabolique, où l’on se fait
piéger par ce couple infernal – morale et perversion. Ses
personnages forcent les limites, le jeune inspecteur Martenat
s’accroche aux indices pour élucider le meurtre d’un banquier
retrouvé la tête fracassée dans un bisse. Dans un récit
pétillant, l’auteur s’amuse à dévoiler le mauvais esprit de
celui qui se repait du drame pour briller. Vie brisée, toile de
sang à la dérive dans l’eau froide d’un bisse. Haletant et
ménageant le suspense jusqu’à la dernière page, ce premier polar
d’Isaac Pante nous plonge dans une manipulation démoniaque.
Né en Suisse à Monthey, en 1981, Isaac Pante travaille à
l’Université de Lausanne où il achève sa thèse sur le monde des
pompes funèbres. Depuis toujours il travaille sur le sens donné
aux mots. « Enfant je me voyais philosophe et je ne lisais que
ça avec des livres de jeux de rôle. Nietzche, Platon,
Schopenhauer, sont des auteurs qui habitent ma bibliothèque ».
Après Passé par les armes, son premier ouvrage publié sous le
choc de l’école de recrue et le totalitarisme de l’armée, le
jeune auteur poursuit et publie deux nouvelles : Petits meurtres
en Suisse et Madame Moriand et décroche le Prix Femina. La
carrière est lancée et le prochain coup de plume déjà prévu.
Isaac Pante termine sa thèse sur les pompes funèbres. La mort
qu’il a approchée pendant six mois pour connaître, découvrir ce
monde particulier fait de respect et de finitude. Une
fascination pour la mort ? « Je suis en paix avec elle et mes
textes ont toujours un lien avec un développement personnel.
J’écris par rapport à quelque chose qui me touche. Mon polar
n’est pas dépourvu d’un sentiment de révolte par rapport à
l’argent que l’on peut être tenté de faire en faisant étalage
d’un crime horrible ». Vous pensez à Un juif pour l’exemple de
Jacques Chessex ? C’était peut-être le livre de trop alors que
j’ai beaucoup admiré l’écrivain.
Je connais tes œuvres d’Isaac Pante, Editions G d’Encre,
2012, ISBN 9782940501021, 26 frs.
Dany Schaer
Paru dans l’Echo du Gros-de-Vaud, octobre 2012
|