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Reportage: Pierre-Alain Rosset

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Ogens

Tailleur de pierre, il sculpte le souvenir
 

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Dans son atelier, Pierre-Alain Rosset grave, sculpte, taille la pierre pour que rien ne se perde. Il apprivoise granit et pierre dure et donne un sens à la mort. Un travail d’émotion et de sentiment, un lien entre l’art et l’éternité.

A l’abri d’un système de vente agressif, le jeune homme vit au rythme des traditions et du respect des morts et de leur famille. L’art funéraire se construit en lien étroit avec la personne disparue. Fidèle au souvenir, le créateur de pierre tombale est ce maillon final du processus de deuil. « Les familles me contactent deux, trois, parfois quatre ans après le décès d’un être cher. Ensemble, nous cherchons à donner au monument funéraire l’empreinte d’un vécu ». Le souvenir, fidèle ami auprès duquel la vie inscrit une dernière page de l’histoire. Pierre-Alain Rosset apprécie la campagne et ce qu’elle offre de durabilité dans la tradition et la coutume.

La mort le touche de près, il n’a que seize ans lorsque son père décède. « C’était un coup de poignard dans le cœur. L’enfance se brise et peut-être suis-je resté sensible aux personnes endeuillées. Dans le choix de ma profession je vois beaucoup de respect. Une tombe est un lieu où l’on retrouve en pensée les personnes qui ne sont plus ».

Le tailleur de pierre a un vaste avenir devant lui. Aujourd’hui, dans l’architecture moderne, il est de bon ton d’ajouter à la cuisine, salon, ou hall d’entrée un élément en pierre. Le granit et le calcaire proviennent principalement de Suisse mais aussi du Brésil ou de l’Inde. Le Cresciano provient du Tessin. « Mais dans la mesure du possible j’utilise une matière de notre pays. Il est vrai que la profession évolue. De plus en plus je travaille la pierre à des fins diverses. Mais décorative ou utilitaire, la pierre fascine toujours».

Lorsque Laurent Meystre d’Ogens est arrivé pour demander au marbrier de sculpter un bloc erratique, déposé dans le champ du député Pierre-André Pidoux, la surprise est de taille. Pierre-Alain Rosset est intéressé par la demande originale. Le bloc est transporté dans son atelier et une fois la sculpture terminée, il ajoute une plaque commémorative en laiton. « Ensuite on a transporté le bloc près de l’église de St-Cierges pour la date du 90ème anniversaire de la création du P.A.I, le 13 janvier 2011. Ce bloc date de l’époque glaciaire et il est resté sans doute des siècles dans ce champ avant de trouver sa nouvelle destinée ».

L’histoire passionne Pierre-Alain Rosset. Tout va si vite que dans son atelier il prend le temps de toucher la matière, de tourner ses pierres avec l’enthousiasme des premiers jours. « J’ai toujours aimé l’histoire. Même si la profession est pénible physiquement, la pierre peut être difficile à travailler, je reste émerveillé par sa beauté. Ses veines, ses teintes, ses arrondis ou ses angles. Le lieu d’où elle vient, comment elle est arrivée là et depuis combien d’années ».

Pas même un regret ? « Si parfois je vois le métier qui se brade. Des entreprises vendent la mort en « kit complet », y compris la pierre tombale alors qu’à l’origine il s’agit d’une création pour laquelle on prend le temps de rencontrer les familles, de parler et de créer dans le respect de la tradition. Et je dirai que la mort est devenue très chère. Un marché incontournable où sévit une concurrence féroce».

Petite biographie : Pierre-Alain Rosset est papa de 3 filles, Charlotte, Julie et Salomé. Il vit avec sa femme Isabelle à Ogens. Ses premières années il les passe à Montana et ensuite à Morges. Mais le Valais reste le lieu proche du cœur, son père vient de Sierre et sa maman de Sion. Après sa scolarité Pierre-Alain entreprend un apprentissage de marbrier sculpteur à Morges. Il occupe ensuite un poste à Yverdon. Il s’installe à Ogens lorsque le Manoir est rénové et ouvre son atelier à Bercher il y a trois ans.

www.art-funeraire-creation.ch  Ogens, 021 887 61 22

Dany Schaer

Paru dans le Journal de Moudon

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Dany Schaer - Journaliste-photographe

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