Solalex
Pierre-Yves Rapaz,
visite de chantier sur l’Avançon d’Anzeindaz
Contre l’érosion des cours d’eau, les techniques du génie
végétal font l’objet de projets pilotes. La restauration des
berges de l’Avançon d’Anzeindaz au niveau du pont de Cergnement,
réalisée par Hepia Genève, figure au programme INTEREGG. Une
coopération transfrontalière qui vise à rapprocher les
territoires et acteurs pour trouver des solutions communes.
Pourquoi ce projet : «la route communale qui franchit le
pont de Cergnement, est le seul accès possible aux véhicules
pour atteindre le hameau de Solalex. Il s’agit d’un alpage
important et d’un site touristique notamment pour la randonnée,
l’escalade et le ski de randonnée. Deux restaurants très
fréquentés en période estivale y figurent également. Une érosion
empiète sur un pâturage exploité par l’agriculture de montagne
et déstabilise les abords du pont de Cergnement. Une incision du
lit menace aussi les piliers de cet ouvrage», explique
Pierre-Yves Rapaz, municipal à Bex, chargé du dossier.
Pour la partie suisse du projet, l’Hepia est coordinateur de
l’action et apporte son expertise aux communes et au service
cantonal concerné pour la rédaction du cahier des charges. Deux
sites pilotes ont été choisis dans le canton de Vaud sur les
communes de Bex, Gryon et Ollon. La maîtrise d’ouvrage est
attribuée aux communes concernées. Elles sont représentées par
le service cantonal des eaux, sols et assainissement de l’Etat
de Vaud.
La lutte contre l’érosion en rivière est une tradition
millénaire en constante évolution. Pierre-André Frossard,
professeur HES, filière Gestion de la nature nous en parle : «Le
principe est d’utiliser les aptitudes biologiques,
physiologiques et physiques de plantes, pour apporter des
solutions techniques à des problèmes de protection des sols et
plus particulièrement de lutte contre l’érosion. Si les berges
de cours d’eau occupent une place importante dans le domaine
d’application du génie végétal, ces techniques s’appliquent
aussi à d’autres milieux comme la stabilisation des pentes et
talus d’infrastructures, des ravines ou la protection contre
certains dangers naturels.
Les végétaux produisent, à de nombreux niveaux, des effets
positifs dans la protection des sols, parmi lesquels on peut
citer : l’effet d’ancrage pour les systèmes racinaires, de
couverture par les tiges aériennes, de drainage par l’absorption
(racines) et l’évapotranspiration (feuilles), effet de barrage
face au ruissellement, effet de frein en cours d’eau, maintien
de la porosité, amélioration de la fertilité. Les
ingénieurs-biologistes actifs dans le génie végétal développent
des techniques qui permettent de construire de véritables
ouvrages où les végétaux constituent le principal matériau de
construction, associés ou non à des matériaux auxiliaires, non
vivants.
Les saules, capables de reproduction végétative et d’une
croissance rapide, présentent un développement efficace en
matière d’ancrage. Les espèces herbacées revêtent également une
importance toute particulière, notamment les graminées et les
légumineuses. Etant donné la complexité de la réglementation sur
l’eau, il est nécessaire de se rapprocher des services
compétents avant d’entreprendre des travaux sur une berge de
cours d’eau».
Partenariat transfrontalier : le développement de
chantiers pilotes dans des régions différentes de part et
d’autres de la frontière franco-suisse offre une grande
diversité de contextes et de situation (type d’érosion,
géologie, caractéristiques hydrologiques et hydrauliques,
végétation) et force à une adaptation permanente dans les
solutions recherchées. Cela permet le développement
d’aménagements diversifiés, condition pour la promotion à une
large échelle du génie végétal dans l’Arc alpin.
Les nouveaux programmes de coopération transfrontalière INTEREGG
soutiennent des projets innovants et pérennes, capables de produire
un effet d’entraînement sur le développement des espaces de
coopération, en améliorant la qualité de vie des populations
frontalières. Ces programmes sont intégrés à la Loi Fédérale sur la
Politique Régionale. Le projet Géni’Alp répond à l’Axe 2 du
programme, soit Stabilisation de berges érodées sur l’Avançon d’Anzeindaz. |
Dany Schaer
Sources : Le génie végétal pour la lutte contre l’érosion en
rivière : une tradition millénaire en constante évolution,
Pierre-André Frossard et André Evette ; Espaces naturels no 26,
avril 2009 ; projet Geni’Alp, fiche action.

Pierre-André Frossard, Professeur HES |

L’Avançon d’Anzeindaz |

Pont de Cergnement |

Pierre-Yves Rapaz |

... Les berges terminées |

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