Jorat
Parc naturel périurbain aux portes de Lausanne
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Roland Rapin |
Une association empoigne la forêt joratoise et propose au
public, une terre à vivre au quotidien. Afin d’accompagner le
développement démographique de l’agglomération lausannoise et du
bassin lémanique et dans le but de maintenir les richesses du
patrimoine de la région du Jorat une association pilotera et
coordonnera les projets à l’échelon joratois.
A deux pas de la ville, la forêt joratoise est une véritable
cour de récréation pour les communes avoisinantes. Elle
accueille annuellement environ 1'500’000 visiteurs. Château
d’eau et véritable poumon du canton, le Jorat est le plus grand
massif forestier du plateau suisse. Le Jorat produit de l’eau,
du lait, des céréales, de la laine, du miel, de la bière. Il
offre de magnifiques paysages et espaces de sports et loisirs à
une population en constante augmentation.
Une poignée de personnes engagées ont laissé germer l’idée de la
création d’un parc naturel périurbain. Nous avons rencontré
Roland Rapin, syndic de Villars-Tiercelin et vice-président de
l’association pour en parler.
La forêt est ouverte à tout le monde, les gens viennent s’y
promener librement alors pourquoi créer une association ?
D’abord pour se mettre d’accord sur ce que l’on veut faire. Face
à l’urbanisation galopante, le Jorat reste un réservoir naturel
d’importance nationale qu’il est primordial de préserver. Dans
la veine du développement durable, cette action est concentrée
sur les trois pôles que sont l’accueil, l’environnement et
l’économie.
Pourquoi un parc naturel périurbain orienté Lausanne alors
qu’une grande partie des communes concernées font partie du
district du Gros-de-Vaud ? Lausanne est intimement liée au
Jorat et sa population en constante augmentation est sensible à
cet environnement. Une exposition « Jorat, patrimoine régional
de l’humanité, ou pourquoi chercher ailleurs les merveilles
qu’on a chez soi !», a été réalisée avec les 22 communes
concernées puis présentée à Lausanne et à Echallens. Elle a
circulé ensuite dans les établissements scolaires et lors de
manifestations joratoises.
Vous ne craignez pas pour les communes de votre région une
perte d’autonomie et un envahissement progressif qui n’est
peut-être pas du goût de tout le monde ? C’est une évolution
inévitable. Le canton devra accueillir plus de 100'000 nouveaux
habitants dans l’avenir et il vaut mieux prendre l’initiative
d’un projet commun que de se voir imposer un développement sur
lequel nous aurions plus prise. Un sondage a été effectué en
2009 et 452 foyers ont participé et répondu à un questionnaire.
Il ressort que 75% des habitants interrogés sont plutôt
favorables à la création du projet. Le but est aussi de casser
cette image ville contre la campagne et de proposer un tourisme
doux et pondéré.
L’un des buts de l’association est de valoriser l’économie
locale et les activités liées au terroir. Quel produit par
exemple ? La marque « Plaquettes forestières du Jorat » est
protégée, déposée et enregistrée auprès de l’Institut Fédéral de
la Propriété intellectuelle à Berne. Les dépositaires sont les
triages du Jorat, de Savigny, de Mèbre/Talent, de la Menthue et
de la Ville de Lausanne. C’est un premier produit labellisé.
Et l’eau du Jorat ? Elle est extraordinaire. A
Villars-Tiercelin elle est pure, parfaite et qui ne connait pas
la fontaine sur la route des paysans. Le défilé de citadins qui
viennent remplir les bouteilles est bien connu. Et on peut aussi
nommer d’autres produits comme la bière, le marché à la ferme,
la boucherie traditionnelle, la boulangerie. Ces produits du
terroir sont en même temps un lien entre la ville et la
campagne.
Des éoliennes sont aussi projetées dans le Jorat ? Oui il
y a un projet EolJorat qui permettra de fournir une partie de
l’électricité consommée par les Lausannois. C’est un projet mené
par la ville de Lausanne et la société Alpiq. Le dialogue est
ouvert et des séances d’informations seront organisées.
En tant que syndic de Villars-Tiercelin, un autre projet vous
tient particulièrement à cœur c’est le sentier pédestre en forêt
destiné aux personnes à mobilité réduite ? A l’heure où
l’homme se déplace sans limite de frontière il n’est pas
acceptable que des personnes à mobilité réduite n’aient pas la
possibilité de faire une simple promenade en forêt. Sur cette
réflexion, la Fondation Vaudoise de Probation a décidé de se
mobiliser afin de créer un sentier pédestre en forêt. Ce
parcours sera pourvu de postes d’observation sur la faune, la
flore et les montagnes ainsi que des places d’exercices équipées
pour les personnes handicapées et leurs accompagnateurs.
Où passera ce sentier ? Il traversera les villages de
Villars-Tiercelin, Corcelles-le-Jorat et Peney-le-Jorat sur une
distance de 5 kilomètres. Ce sentier sera entièrement fabriqué
en chêne provenant de l’abattage d’arbres nécessaire à la
pérennité de la forêt. Ils seront utilisés pour la construction
sur le principe de passerelles de bois permettant de traverser
les petites rivières lors des promenades. Ce sera la première
voie de promenade en forêt spécialement aménagée pour les
personnes handicapés, en Suisse comme à l’étranger. Ainsi celui
qui aura choisi de franchir les limites de la loi et sera pour
un temps privé de liberté pourra réparer les torts causés en
étant « au service » de celui qui n’a pas choisi d’être privé de
mobilité : « La privation de liberté au service de la privation
de mobilité ».
La Fondation Vaudoise de Probation est une institution de
droit privé qui répond aux besoins des personnes sanctionnées par la
justice pénale. Elle dispose d’un atelier de travail d’intérêt
général. Cette structure permet un accompagnement professionnel
destiné aussi bien aux personnes mineures que majeures. |
Association Jorat, une terre à vivre au quotidien
www.lausanne.ch/expojorat et
www.handicapnature.ch
Dany Schaer
Paru dans l’Echo du Gros-de-Vaud et le Journal de Moudon,
novembre 2010
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