Peney-le-Jorat – Conférence
L’éolienne, une béquille pour les consciences ?
Philippe Roch, ancien directeur de l’Office fédéral de
l’environnement, était invité par l’Association « Que du Vent »
mardi dernier. Pour résoudre le problème d’une société dévoreuse
d’énergie et la sortie du nucléaire, faut-il se lancer
aveuglément dans une énergie à l’allure bucolique et innocente.
Thème de la conférence « Eoliennes entre refus et démesure ».
Mais qu’est-ce qui peut bien pousser un antinucléaire comme
Philippe Roch à devenir antiéolien ? « Trois chocs : Le flash en
Andalousie face à une forêt d’éoliennes, les Franches-Montagnes
et ses gigantesques brasseurs de vent et enfin l’arrogance. Le
ton utilisé par certains politiciens favorables à cette énergie
est juste insupportable. On dirait que toute discussion est
devenue impossible. Ne pas être pour l’énergie éolienne revient
à passer pour des débiles mentaux et même les droits
fondamentaux de la démocratie sont menacés. C’est la raison de
mon ouvrage « Eoliennes, des moulins à vent ».
Le conférencier ne condamne pas une technique qui permet de
produire une énergie renouvelable, mais lutte contre le
gigantisme et les profits qui n’ont plus rien à voir avec
l’écologie. « La multitude des projets d’éoliennes géantes sont
en fait des usines déguisées en projets écologiques sous
prétexte de produire une énergie renouvelable. Les énergies
fossiles s’épuisent, polluent et menacent le climat et les
consciences s’éveillent. L’éolienne est devenue « la solution »
pour se sortir de cette spirale. De bonne foi de nombreuses
personnes s’engouffrent dans la brèche naïvement alors que les
grandes compagnie d’électricité mènent campagne en faveur de la
construction d’éoliennes géantes ».
Les nuisances sonores constituent l’un des principaux griefs
formulés au voisinage des parcs éoliens situés trop près des
habitations. Le bruit lancinant des pales est comme une insulte
pour ceux que l’on ne veut pas écouter. Les témoignages arrivent
de Saint-Brais, Peuchapatte, Mont Crosin. Des gens qui lancent
un cri du cœur pour que cela n’arrive pas ailleurs. Alors des
associations se créent timidement mais sûrement.
Le débat est lancé et les habitants de la région du Jorat,
touchés par les projets, ont le courage de poser les questions.
Se lever pour demander un droit à la parole et aux décisions
prises en amont. Personne ne se prononce contre l’énergie
éolienne mais on ne peut pas se lancer sans restriction dans une
aventure dont on ne connait pas les conséquences sur la santé
des habitants, la sécurité des oiseaux, l’atteinte au paysage.
Des lois de l’aménagement du territoire existent et doivent être
respectées. C’est en ce sens que l’Association « Que du vent »
propose d’ouvrir la discussion au niveau régional.
Philippe Roch pose la question de la compatibilité des ces
géantes (hauteurs totales de 100 à 198 m, d’un poids de 1000 à
1660 tonnes dotées de pales d’une envergure de 80 à 126 m dont
les mâts sont éclairés de rouge et clignotent la nuit) avec la
protection de la nature et du paysage. « Cette précipitation
doit cesser, jusqu’à ce que les règles et le consensus
indispensables sur la place des éoliennes dans notre
environnement soient étudiés, discutés et établis dans des
règlements et des processus démocratiquement adoptés ».
Philippe Roch,
« Eoliennes, des moulins à vent ? », éditions Favre, 2011.
Association Que du vent ?
www.queduvent.ch ou info queduvent.ch
Dany Schaer
Paru dans l’Echo du Gros-de-Vaud et le Journal de Moudon,
novembre 2012
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