La classe d’Hermenches tourne la clé

L'école d'Hermenches |

Anciens élèves d'Hermenches |
La petite école du village ferme la porte de sa classe à
quatre niveaux. La population se tient les coudes pour vivre
cette journée chargée d’émotion et accompagner leur enseignante
Frédérique Aeschbacher dans ce parcours sans retour. L’Etat de
Vaud met un terme à cette avant-dernière exception vaudoise.
« Je ne comprends pas que les écoles se ferment dans les
villages », Frédérique Aeschbacher
A la rentrée, les petits enfants du village se rendront à
l’école en bus jusqu’à Moudon. Au village, les documents se
rangent dans les cartons d’archives. Une exposition présentée
dans le bâtiment communal retrace l’histoire de cette classe
particulière et un livre d’images est en vente au bureau
administratif.
Ce samedi 30 juin, au Battoir, la population, les autorités et
les élèves se retrouvent, les regrets sont sur toutes les
lèvres. « Les cris et les rires des enfants à la récréation vont
nous manquer, les petits devront prendre le car postal jusqu’à
Moudon quatre fois par jour, un village sans école se meurt,
nous sommes venus nous installer à Hermenches pour cette école
de proximité ». L’enseignante Frédérique Aeschbacher reste
discrète. «J’ai eu le temps de me préparer à l’idée ! Les
contacts de proximité avec les parents d’élèves ne seront plus
les mêmes ». Elle n’a pas encore vu les locaux dans lesquels
elle va atterrir à Moudon. Peut-être que le fait d’approcher de
la retraite rend la pilule moins amère.
Et le bâtiment scolaire que deviendra-t-il ? Une fois la
classe vidée, les bureaux communaux resteront explique Karine
Weber Cavin, municipale. Pour le reste c’est encore
l’incertitude. Des bruits courent qu’une classe à un niveau
serait peut-être ouverte pour soulager l’école de Moudon. Karine
Weber Cavin souhaite que cette maison reste un lieu de vie et
d’activités sociales.
Frédérique Aeschbacher, institutrice de 1982 à 2012 à
Hermenches, obtient son titre d’enseignante en 1979. Une
profession qu’elle choisit après ses études universitaires et un
voyage en Afrique durant six mois. Après deux ans en classe de
développement elle enseigne en 5e à Chapelle puis à Renens. Puis
vient la période Hermenches. Elle habite le village pendant
quelques années, fait partie du Conseil général et du Chœur de
l’Union. Elle retourne finalement habiter Lausanne mais reste
fidèle à sa petite classe à quatre niveaux. « Une vraie
maîtresse comme on les aime. Présente, autonome et sereine »,
relève Philippe Duboux, directeur des Ecoles de Moudon.
Un peu d’histoire : En 1836, le Conseil général autorise
la Municipalité à construire le collège actuel. Jeanne Victorine
Jaton est la première maîtresse nommée en 1841. Elle s’occupe
des filles ou les plus jeunes et donne 33 heures de leçons par
semaine plus les ouvrages d’aiguille. Elle reçoit 200 frs par
an, plus le logement, un jardin et le bois pour chauffer
l’école. Le régent Jean Henri, instruit les garçons ou les
grands. Il reçoit 320 frs par an, un plantage, un jardin et le
bois. En 1957 il y a 42 élèves d’Hermenches, de Rossenges et
Syens. En 1965, Rossenges révoque sa convention et envoie ses
élèves sur Moudon. Dès 1985, seule une classe multi-âges de la
1ère enfantine à la 2ème primaire reste au village. Les autres
élèves sont scolarisés à Moudon. En 2007, le département de
l’instruction publique annonce la fermeture de la classe. Après
de nombreuses négociations et prolongations, la classe ferme
définitivement ses portes le 30 juin 2012.
L’exposition est ouverte dans le bâtiment scolaire les
mercredis, samedis et dimanches après-midis de 14h à 17h ou sur
rdv au 079 429 13 37 jusqu’à l’Abbaye (du 20 au 22 juillet).
Elle est composée de documents, photos de classes, livres et
cahiers, matériel scolaire, récoltés essentiellement auprès des
habitants de la commune. Pour que les souvenirs demeurent…
Dany Schaer
Paru dans le Journal de Moudon, juillet 2012

Frédérique Aeschbacher, enseignante |

Dernière volée à Hermenches |

Karine Weber-Cavin, municipale, sur un ancien banc d'école |
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